À Sègbana, au nord du Bénin, les autorités béninoises et nigérianes ont réaffirmé leur volonté de revitaliser les relations entre les deux pays, un moment qualifié d'historique côté béninois, d'autant que, selon plusieurs experts, les mesures annoncées permettent de contourner la frontière Bénin-NIger via l'État de Kebbi, qui partage une frontière à la fois avec le Niger et le Bénin.
"Historique !", a déclaré Romuald Wadagni, le ministre béninois de l'Économie et des Finances, lorsqu'il évoque cette série d'initiatives conjointes avec le géant voisin de l'Est, le Nigeria, un faisceau de mesures, perçu par de nombreux experts comme un plan B face à la fermeture prolongée de la frontière avec le Niger. Une décision unilatérale de Niamey qui continue d'assombrir le tableau des échanges commerciaux bilatéraux, malgré la levée des sanctions précédemment infligées par la CEDEAO.
C'est donc presque “un plan B que le Nigeria a offert au Bénin, une solution alternative qui vient soulager les transporteurs et commerçants bloqués à Malanville, le poste frontalier avec le Niger. Désormais, le Nigeria servira de relais de transit dans le flux des échanges.
La réunion interministérielle, qui a eu lieu mardi 21 mai dernier au poste des douanes de Ségbana, une ville stratégique située non seulement à la frontière du Nigeria via l'État de Kebbi State mais aussi voisine de Malanville, a été qualifiée par Wadagni de moment historique dans la mise en œuvre des engagements pris par les deux Chefs d'État.
Autour de la table, des figures de proue des deux nations : Romuald Wadagni, ministre d’État chargé de l'Économie et des Finances du Bénin, Shegun Adjadi Bakari, ministre des Affaires étrangères béninois, Yusuf Maitama Tuggar, son homologue nigérian, et Dr Nasir Idris, gouverneur de l'État de Kebbi. Également présents, les directeurs généraux des douanes béninoises, du port autonome de Cotonou, ainsi que de nombreux techniciens et opérateurs économiques des deux pays.
"Cette réunion est le fruit de longues discussions”, a salué Nasir Idris. “Je réaffirme l’engagement de l’État de Kebbi à favoriser des interactions économiques et sociales bénéfiques avec la République du Bénin”.
Les discussions ont abouti à plusieurs mesures visant à revitaliser les relations douanières et économiques. Les mesures adoptées incluent la réactivation de la commission mixte permanente entre le Bénin et le Nigeria pour aborder périodiquement des sujets d'intérêt commun et résoudre les différends, une première réunion étant prévue dans un mois à la mi-juin. Un comité conjoint bipartite a également été créé pour rendre rapidement opérationnel le poste-frontière entre Segbana et les villes frontalières nigérianes de Tsamiya et Anguwar Sule Wara, facilitant ainsi les échanges commerciaux.
En attendant les fruits de ce comité, les autorités encouragent déjà les opérateurs économiques à initier leurs échanges commerciaux via le port de Cotonou. « Le Nigeria et le Bénin sont une même famille d’une même maison », a affirmé Tuggar, Chef de la diplomatie nigériane.
“A travers ces mesures accélérées, le Nigeria est vraiment en train de tendre la main au Bénin en cette période difficile, en ouvrant des routes alternatives à travers son territoire. C'est une bouffée d'air frais pour les commerçants béninois et nigériens, qui peuvent maintenant contourner la fermeture de la frontière avec le Niger pour acheminer leur marchandises”, explique un analyste.
Cette initiative marque un tournant aussi bien dans la coopération entre le Bénin et le Nigeria - qui s’est normalisé avec l’arrivée de Tinubu au pouvoir -, que dans les tensions diplomatiques qui cristallisent actuellement la sous-région au lendemain des coups d’Etat répétitif qui ont poussé la CEDEAO à prendre des mesures dures face à certains Etats. Des sanctions qui sont mal passées au sein de communauté qui ont poussé certains putschistes à se murer.