Les Assemblées annuelles 2024 du Groupe de la Banque africaine de développement présentent, à partir de lundi à Nairobi, une occasion unique d'avancer collégialement des idées novatrices pour réformer l'architecture financière internationale.
Les actionnaires de la Banque, première institution de financement du développement en Afrique, sont invités à échanger leurs points de vue avec de nombreux dirigeants des secteurs public et privé en vue de parvenir à une position commune sur une réforme nécessaire pour mobiliser davantage de ressources financières en faveur de la transformation du continent.
« La réforme de l'architecture financière mondiale doit répondre efficacement à l'augmentation des coûts budgétaires auxquels sont confrontés les pays (africains) pour accélérer leur développement. Pour ce faire, nous devons également adapter les instruments de l'architecture financière mondiale, en particulier les droits de tirage spéciaux », avait notamment déclaré le président du Groupe de la Banque, Akinwumi Adesina, lors d'une session sur les DTS tenue à la COP 28 en décembre dernier à Dubaï.
À l'occasion des Assemblées annuelles de Nairobi, dont le thème est « La transformation de l'Afrique, le Groupe de la Banque africaine de développement et la réforme de l'architecture financière mondiale », au moins treize chefs d'États et de gouvernements africains seront accueillis par M. Adesina et le président du pays hôte, William Samoei Ruto : le président de la République islamique de Mauritanie et président en exercice de l'Union africaine, Mohamed Ould Ghazouani sera aux côtés de Paul Kagamé (Rwanda), Faure Gnassingbé (Togo), Emmerson Mnangagwa (Zimbabwe), Mohamed Younes Al-Menfi (Libye), Joseph Boakai (Liberia), Denis Sassou Nguesso (Congo), Nana Akufo-Addo (Ghana), Abiy Ahmed (Éthiopie), Félix Tshisekedi (République démocratique du Congo), Samia Suluhu Hassan (Tanzanie), Évariste Ndayishimiye (Burundi) et Filipe Nyusi (Mozambique). L'ancien président mozambicain Joaquim Chissano et le président de la Commission de l'Union africaine Moussa Faki Mahamat seront également présents ainsi que Muhammad Al Jasser, président de la Banque islamique de développement.
L'événement marquant de ses assises sera sans conteste le lancement de la célébration des 60 ans de création de la Banque africaine de développement en 1964, en marge de la cérémonie officielle d'ouverture prévue mercredi matin au Kenyatta International Conference Center (KICC) de Nairobi. Cette célébration étalée jusqu'aux prochaines Assemblées de 2025 à Abidjan permettra d'évaluer le chemin parcouru en six décennies et de réfléchir à la manière de relever des défis de plus en plus nombreux et complexes, en particulier la restructuration de la dette des pays africains ou les effets néfastes des changements climatiques sur le développement du continent.
Les dirigeants de la Banque arrivent à Nairobi avec une nouvelle Stratégie décennale pour la période 2024-2033. Cette stratégie, qui vise à saisir les opportunités pour créer un continent prospère, inclusif, résilient et intégré, devrait retenir l'attention de ses actionnaires, surtout qu'elle prône une accélération de la croissance verte et inclusive et fait la promotion d'économies prospères et résilientes sur le continent qui prend en compte les jeunes et les femmes.
Au cours des Assemblées, la Banque présentera également son Rapport annuel sur le développement qui rend compte de ses actions sur le terrain en faveur de l'avancement économique et social du continent. Elle présentera également sa très attendue publication sur les Perspectives économiques en Afrique. Ce document phare, une référence pour les dirigeants politiques, les chercheurs, les investisseurs sur le continent, dresse l'évolution et donne des précisions sur les prévisions macroéconomiques des 54 pays du continent. Elles donnent en particulier les clés de la croissance et pointe les défis pour la transformation des économies africaines.
Alors que d'intenses débats sont en cours dans les instances internationales sur la manière de réformer le système financier international pour qu'il soit plus adapté à l'évolution du monde, avec l'apparition de nouveaux pays émergents, de nouveaux défis (changements climatiques, pressions inflationnistes, tensions géopolitiques), l'Afrique, devenue championne de la croissance mondiale, a plus que droit au chapitre.
Selon la Banque africaine de développement, le continent comptera, en 2024, onze des vingt pays à la croissance économique la plus forte au monde et restera, en valeur absolue, la deuxième région connaissant la croissance la plus forte après l'Asie. Face aux incertitudes actuelles, les gouverneurs de la Banque devraient saluer cette résilience des pays du continent.
La Banque montrera à ses actionnaires son caractère réformateur et novateur.
En réalisant avec succès la première émission de capital hybride sur le marché mondial des capitaux en 2024, la Banque est entrée dans l'histoire des banques multilatérales de développement. Elle a aussi pris avec la Banque interaméricaine de développement, le lead pour la canalisation des droits de tirage spéciaux (DTS) dans les banques multilatérales de développement.
Cette requête, approuvée à la veille de ces Assemblées annuelles par le Conseil d'administration du Fonds monétaire international renforce le caractère innovant de la Banque, et, avant son centenaire en 2064, ses actionnaires sont plus que jamais invités à donner les ressources et à orienter l'institution vers des décisions toujours plus innovantes, capables de mener l'Afrique dans une destinée plus radieuse.