Les Assemblées annuelles 2024 du Groupe de la Banque africaine de développement ont démarré lundi à Nairobi, au Kenya, et ont été marquées par un panel sur le thème : « Mobiliser des financements pour le développement du secteur privé en Afrique ».
Organisé conjointement par le Groupe de la Banque et l'Alliance des institutions financières multilatérales africaines (AAMFI), cette session parallèle aux Assemblées a permis aux participants d'insister sur le rôle vital des institutions financières multilatérales africaines comme la Banque africaine de développement dans la résolution des problèmes de financement, principalement du secteur privé, afin d'accélérer la transformation du continent. Décideurs politiques, institutions financières, investisseurs, économistes et experts financiers ont participé aux travaux.
Benedict Oramah, président du Conseil d'administration d'Afreximbank et de l'AAMFI a expliqué que l'AAMFI en tant que plateforme pour tous est destinée à réaliser le mandat commun aux États africains. Elle soutient les activités du secteur privé, et facilite les échanges intra africains dans la mise en oeuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine. Pour ce faire, l'engagement des États est de promouvoir la collaboration et la coordination pour faciliter l'autonomie financière du continent, a indiqué M. Oramah.
« Les institutions multilatérales africaines, à travers l'Alliance, espèrent également renforcer leur collaboration avec la Banque africaine de développement », a-t-il poursuivi.
Albert M. Muchanga, commissaire au Commerce et à l'Industrie à la Commission de l'Union africaine a souligné le devoir des États africains de rendre leurs économies prospères. « Mais nous avons besoin à la fois d'un environnement continental et d'un environnement global favorables. Si l'Afrique doit se transformer, on doit faciliter la contribution du secteur privé par des politiques incitatrices », a-t-il ajouté, car il s'agit de donner confiance au secteur privé.
Il a insisté sur l'importance des chaînes de valeur pour les économies africaines : « Si nous continuons à vendre les matières premières, nous continuerons à être pauvres ; il faut déverrouiller la valeur, la capturer et l'exploiter sur le continent et créer ainsi des emplois ».
L'Afrique doit également investir dans l'éducation, les institutions de recherche, avec un marché de capitaux capable de faire éclore l'immense potentiel africain à travers des investissements structurants.
M. Admassu Tadesse, PDG de Trade and Development Bank a émis le souhait que « les affaires se fassent différemment si l'on veut arriver à une vraie transformation ». Les synergies et les collaborations à l'échelle du continent permettent des économies d'échelle et la raison pour laquelle des projets d'envergure ont pu réussir, c'est le nombre de partenaires travaillant ensemble, et des succès qui attirent plus d'investisseurs », a ajouté ce banquier d'affaires.
M. James Mwangi, directeur de Equity Bank Group, a souligné le rôle des banques commerciales dans le développement du secteur privé, ainsi que les synergies public-privé. « Pour une économie intégrée, il faut que secteurs public et privé travaillent ensemble », a-t-il poursuivi.
Le panel a également abordé la question de la gestion des risques liés à l'environnement politique dans les pays avec une vingtaine d'élections en perspective sur le continent. Mais le risque est aussi lié aux investissements, et au renchérissement des prix de l'électricité.
« Il faut réduire les risques du secteur du commerce en multipliant le volume de nos échanges qui n'a pas dépassé les 16 % au niveau intra-africain. Avec 1,5 milliard d'habitants, l'Afrique a un potentiel énorme », a insisté M. Mwangi.
Le directeur général de Shelter Afrique, Thierno-Habib Hann a mis l'accent sur le volume important des investissements dans le secteur de l'habitat qui constitue « la pierre angulaire du développement ». « Le bâtiment est une chaîne de valeur créatrice d'emplois », a-t-il relevé. La question du logement est au coeur des problèmes d'urbanisation, de la résilience des villes face aux changements climatiques et les investissements dans ce domaine vont contribuer à réduire les risques pour les populations, a-t-il expliqué.
Des questions ont été soulevées par les participants notamment l'accès aux fonds et aux marchés pour les petites et moyennes entreprises (PME), aux connaissances, ou encore au renforcement des capacités. La problématique d'une meilleure captation des fonds de la diaspora qui avoisinent les 95 milliards de dollars, et les procédures de leur canalisation vers des investissements plus structurants, a été aussi abordée par les participants.
À propos de l'Alliance des institutions financières multilatérales africaines
L'Alliance des institutions financières multilatérales africaines (AAMFI ou le Club Afrique), a été lancée en marge du 37e sommet de l'Union africaine en février 2024, pour promouvoir la collaboration, la coopération et la coordination entre les institutions financières multilatérales détenues et contrôlées par des Africains, établies par traité, pour soutenir les objectifs de développement économique et d'intégration de l'Afrique. Les membres fondateurs : la Société financière africaine (une entité de la Banque mondiale), la Banque africaine d'import-export (Afreximbank), le Groupe TDB (Trade and Development Bank, pour Banque de commerce et de développement, en français), la Société africaine de réassurance (Africa Re), l'Assurance pour le développement du commerce et de l'investissement en Afrique (ATIDI), la Banque de développement (SHAFDB) et ZEP-RE (PTA Reinsurance Co.).