Le vaste quartier informel de Mukuru, à la périphérie de Nairobi, témoigne avec force de la façon dont une entreprise innovante spécialisée dans l'énergie gazière fournit des solutions de cuisson propre et redonne de la dignité aux ménages de la capitale kenyane
Aurelia Aureh se vante désormais de cuisiner sans fumée, elle qui a utilisé des années durant du charbon de bois, malgré les risques pour la santé dus aux importantes émissions de fumées Elle utilise M-Gas, conçu pour les ménages à faible revenu, et qui utilise un modèle de paiement indexé à la consommation, leur permettant ainsi d'accéder au produit en petites quantités et selon les besoins.
« Avant, je cuisinais à l'extérieur avec du charbon de bois, ce qui coûtait très cher. » Je dépensais environ 50 Ksh (environ 0,38 dollar) en charbon de bois pour chaque séance de cuisine », explique-t-elle. Aujourd'hui, elle dépense moins de la moitié de cette somme, avec moins de tracas et tous les avantages.
Aurelia est ravie de la facilité offerte par l'utilisation de M-Gas. « Je n'ai pas besoin d'aller chercher le gaz chez le vendeur lorsqu'il n'y en a plus, car M-Gas surveille ma consommation et remplace mon gaz avant qu'il ne vienne à manquer. Je continue simplement à payer mes besoins immédiats de cuisine, là où je me trouve (en utilisant l'argent mobile M-Pesa). En plus, c'est sans risque. Je n'ai pas à me préoccuper du fait que mes enfants jouent avec, car il est doté de fonctions de sécurité très strictes.
M-Gas fournit du gaz de cuisson propre à prix modique aux ménages à faible revenu au Kenya. Lancé en 2019, M-Gas utilise la technologie des compteurs intelligents pour permettre aux utilisateurs d'accéder au gaz de pétrole liquéfié (GPL) dans des quantités qu'ils peuvent se permettre pour le moment, même pour une modique somme de 10 Ksh (environ 0,077 dollar), payable avec de l'argent mobile. Cette technologie simplifie l'accès au GPL pour les consommateurs pour qui le coût initial des bouteilles de gaz et de GPL est trop élevé, en leur permettant de s'affranchir des prix élevés et d'accéder au GPL.
Ce dispositif a attiré l'attention de Solomon Quaynor, vice-président de la Banque africaine de développement chargé du Secteur privé, des Infrastructures et de l'industrialisation, qui était à Nairobi en fin juillet 2024 pour examiner les opportunités de collaboration dans le secteur de la cuisson propre dans ce pays.
Il a rencontré Martin Kimani, le PDG de M-Gas et discuté des domaines de partenariat prioritaires pour faire progresser la transition énergétique en Afrique. Il a également rencontré des représentants de Circle Gas, la société mère de M-Gas, en particulier Carey Ngini, président du conseil d'administration et Michael Joseph, membre du conseil d'administration. Circle Gas a des partenariats stratégiques avec des partenaires institutionnels, parmi lesquels Safaricom (solutions de connectivité et de paiement M-Pesa) et Total Energies (bouteilles de GPL pour la cuisson).
M. Quaynor s'est rendu à Mukuru, où il s'est entretenu avec Aurelia et d'autres habitants.
Mercy Karimi, une autre habitante de Mukuru, raconte qu'avant d'utiliser M-Gas, sa fille de trois ans souffrait souvent d'infections pulmonaires et de problèmes respiratoires à cause des vapeurs dangereuses du kérosène qu'elle utilisait pour cuisiner. « Mais depuis que j'ai commencé à utiliser M-Gas, mon enfant n'a plus ce problème et peut rester longtemps sans aller à l'hôpital », explique-t-elle.
La cuisson propre est l'un des domaines prioritaires de la Banque. En mai dernier, la Banque s'est engagée à consacrer deux milliards de dollars sur dix ans à des solutions de cuisson propre en Afrique - une initiative visant à sauver 600 000 personnes, principalement des femmes et des enfants, qui perdent la vie chaque année à cause des effets de la fumée secondaire provenant de la combustion incomplète de la biomasse, du bois de chauffage et du charbon de bois.
Malgré l'amélioration de l'accès à l'électricité ces dernières années, peu de progrès ont été réalisés dans l'adoption d'une cuisson propre : environ un milliard de personnes en Afrique continuent de cuisiner sur des foyers ouverts et des fourneaux rudimentaires. L'utilisation de charbon de bois, de bois, de déchets agricoles et de fumier animal comme combustible affecte la vie de millions de personnes - principalement des femmes et des enfants - qui inhalent des vapeurs et fumées toxiques en cuisinant.
M. Quaynor a également visité le dépôt de M-Gas à Ruaka, une banlieue située au nord-ouest de Nairobi. Il y a découvert en détail le fonctionnement innovant des compteurs intelligents. Il s'est entretenu avec des ménages et même des propriétaires d'entreprises pour connaître leur point de vue sur l'innovation M-Gas.
Stephen Njogu, un habitant de Ruaka, utilise M-Gas depuis maintenant deux ans.
« Ce système est moins cher car je peux acheter du gaz même avec le peu d'argent dont je dispose, alors que je dois acheter une bouteille entière de gaz dans le cas du gaz normal. Deuxièmement, le M-Gas est propre, il n'y a pas de fumée pendant la cuisson, contrairement à ce qui passait quand j'utilisais du kérosène, qui émettait une fumée dangereuse », a-t-il expliqué.
Faith Kamau, qui tient un petit restaurant local à Ruaka, est également favorable à cette option. Elle peut désormais servir ses clients sans craindre une panne de gaz inopinée. « Je peux cuisiner de nombreux plats en utilisant peu d'énergie. J'ai pu économiser un peu d'argent, que j'ai réutilisé pour acheter davantage de nourriture. De plus, en cas de problème avec le système de cuisson, j'alerte le Centre d'expérience client M-Gas, qui réagit très rapidement avec des conseils sur la façon de résoudre le problème. J'aime tellement la solution M-Gas que je l'ai aussi chez moi. »
Selon M. Quaynor, de telles expériences incitent la Banque à intensifier ses efforts pour accroître les investissements dans des solutions de cuisson propre abordables pour les millions d'Africains qui n'y ont toujours pas accès. « La Banque travaille avec le secteur privé, acteur clé de la transition énergétique, pour stimuler les investissements dans le secteur afin de lutter contre la pauvreté énergétique, conformément à l'Objectif de développement durable 7 (ODD7) sur une énergie abordable, fiable, durable et moderne pour tous », a-t-il souligné.
L'engagement de la Banque à hauteur de 200 millions de dollars par an représente une contribution importante aux 4 milliards de dollars nécessaires chaque année pour permettre à davantage de familles africaines d'avoir accès à une cuisson propre d'ici 2030.