Lorsque j'ai rejoint la Banque il y a plus de 12 ans, j'ai été frappée par l'incroyable potentiel des femmes africaines. J'ai pu constater par moi-même comment notre plaidoyer, nos investissements et notre engagement en faveur d'un développement inclusif peuvent transformer des vies.
Je vois des parallèles entre mes propres expériences et celles consignées dans le rapport analytique de l'Indice de genre en Afrique 2023 -- une source de données sur l'égalité de genre et l'autonomisation des femmes en Afrique, co-écrit par le Groupe de la Banque africaine de développement, qui rassemble en un seul indice des statistiques de tous les pays africains sur les dimensions économiques, sociales, d'autonomisation et de représentation. Cependant, le Rapport analytique de l'Indice de genre en Afrique 2023 publié récemment est plus qu'un ensemble de statistiques : c'est un appel à l'action qui résonne profondément en moi.
Nathalie Gahunga, cheffe de Division à la Banque africaine de développement, explique que son travail l'a amenée à participer à des programmes de la Banque qui rendent concret le Rapport analytique de l'Indice de genre en Afrique de la Banque. Découvrez l'une de ces histoires.
Je me souviens que lorsque je travaillais au Niger, une grand-mère m'a demandé d'adopter son petit-fils de 10 ans dont la mère était décédée en couches. Elle avait du mal à subvenir aux besoins de sa famille en vendant du poisson. Des moments comme celui-là nous rappellent pourquoi nous travaillons à l'autonomisation des femmes et des filles.
Le Rapport analytique de l'Indice de genre en Afrique 2023 présente un tableau clair. En moyenne, le score de l'Afrique en matière d'égalité des genres (une valeur numérique mesurant la parité entre les genres dans un domaine particulier, un score plus élevé indiquant une plus grande parité entre les genres) s'élève à 50,3 %. Cela représente une légère amélioration par rapport aux 48 % de 2019, lorsque la Banque a publié son dernier Indice de genre en Afrique en collaboration avec la Commission économique pour l'Afrique des Nations unies. Pourtant, derrière ces chiffres se cachent de réels défis : les femmes gagnent 30 à 40 % de moins que les hommes, ont un accès limité au crédit et possèdent moins de 20 % des terres agricoles africaines. Si ces statistiques sont alarmantes, elles mettent également en évidence les opportunités de changement.
Le rapport présente nos progrès et nos défis dans trois dimensions clés :
- Économique : malgré quelques progrès, la parité économique est en déclin, la participation globale des femmes au marché du travail diminuant. Le Rapport analytique de l'Indice de genre en Afrique 2023 montre que moins de femmes entrent ou restent sur le marché du travail, tandis que les taux de participation des hommes sont restés plus stables. Ce déclin est étroitement lié aux chocs mondiaux tels que le Covid-19 et le changement climatique, qui ont eu un impact disproportionné sur les secteurs où les femmes sont surreprésentées, tels que l'agriculture, le commerce de détail et le commerce informel. J'ai pu constater de visu comment des obstacles systémiques tels que l'accès limité au financement et à la terre exacerbent encore cette tendance, empêchant les femmes de créer ou de pérenniser des entreprises.
- Social : selon le rapport, les filles dépassent désormais les garçons en matière de taux d'achèvement des études primaires et secondaires dans 25 pays africains. Dans des pays comme le Botswana, le Lesotho et la Namibie, le taux d'achèvement des études des filles dépasse celui des garçons de plus de 10 points de pourcentage. Ce changement me donne l'espoir d'un avenir plus équitable, où l'éducation peut servir de base à l'égalité des genres à long terme.
- Autonomisation et représentation : si la représentation des femmes aux postes de direction a légèrement augmenté pour atteindre 24,4 % en 2023, contre 22,4 % en 2019, elles restent largement sous-représentées dans les rôles décisionnels clés. Dans le Rapport sur l'Indice de genre en Afrique, cela est particulièrement évident dans les postes ministériels, les conseils d'administration des entreprises et les rôles de direction parlementaire.
Pour moi, ces observations sont le reflet de la réalité des vies, des communautés et de l'impact transformateur de notre travail. Par exemple, lors d'une mission au Burkina Faso, j'ai pu constater l'impact profond du Programme de renforcement de la résilience à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel de la Banque.
Le financement de projets de la Banque a permis à des groupes de femmes d'accéder à des infrastructures agricoles améliorées, à des programmes de formation complets et à des financements pour leurs microentreprises dans des secteurs tels que l'agro-industrie, le textile et l'agroalimentaire.
Dans les communautés que j'ai visitées, les mères participant à notre programme ont pu générer des revenus durables, réduire la malnutrition infantile et envoyer leurs enfants à l'école, fiers de porter de nouveaux uniformes.
Découvrez l'une des femmes bénéficiaires du programme que Nathalie Guhanga a visité au Burkina Faso et qui parle de l'impact du travail de la Banque.
Le Rapport analytique de l'Indice de genre en Afrique 2023 appelle les décideurs politiques des gouvernements africains, les professionnels des secteurs public et privé travaillant dans le développement, ainsi que les dirigeants et les membres des organisations de la société civile à utiliser les données du rapport comme base d'actions et d'activités durables pour réduire l'écart en matière d'égalité des genres en Afrique.
Notre partenariat avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour la mise en oeuvre du projet Autonomisation économique des femmes vulnérables est un exemple de la manière dont la Banque joint le geste à la parole.
Depuis 2020, cette initiative soutient les femmes dans les régions du Niger, du Mali et du Tchad, touchées par les conflits en leur fournissant des capitaux, une formation aux affaires commerciales et un accès au marché leur permettant de créer des entreprises allant des petits magasins à l'agroalimentaire et contribuant à leur indépendance économique.
Au Mali, Nènè Mahamane Maiga, une veuve élevant huit enfants, a transformé sa vie grâce au programme, en lançant plusieurs entreprises et en achetant une maison. Comme elle, 78 % des bénéficiaires, dont certaines gagnent jusqu'à environ 500 dollars par mois, ont acquis leur indépendance financière. Le projet favorise la résilience, l'éducation financière et la cohésion sociale, garantissant l'autonomisation économique à long terme des femmes dans les communautés fragiles.
Dans mon parcours à la Banque, ces expériences personnelles ont renforcé ma conviction que chaque pas vers l'égalité des genres est un pas vers une Afrique plus résiliente et plus prospère. Mais le progrès nécessite une action collective.
Je vous invite à prendre connaissance des conclusions du Rapport analytique de l'Indice de genre en Afrique 2023 et à nous rejoindre pour transformer les données en résultats. Travaillons ensemble pour supprimer les barrières et créer des opportunités durables pour chaque femme et chaque fille à travers le continent.
À propos de l'autrice
Nathalie Gahunga est cheffe de la Division Genre et autonomisation des femmes au sein du Département du genre, des femmes et de la société civile de la Banque africaine de développement.
Elle travaille à faire progresser l'égalité des genres en menant des initiatives qui intègrent les perspectives de genre dans les projets de résilience climatique, renforcent les organisations de la société civile et promeuvent le leadership des femmes dans le développement durable à travers l'Afrique.