Les ministres de l'Agriculture ont réaffirmé l'importance d'accroître le financement en faveur des petits exploitants agricoles afin d'améliorer la productivité agricole par le biais de subventions ciblées, de projets d'irrigation et d'autres mécanismes de financement.
Les ministres se sont exprimés lors d'une table ronde sur le thème « Présentation des résultats actuels de l'investissement public, dérisquage de l'investissement privé et création d'environnements propices à l'accroissement du financement » lors de la conférence « Accroître le financement pour les petits exploitants agricoles en Afrique », tenue les 17 et 18 mars 2025 à Nairobi, au Kenya.
Mutahi Kagwe, secrétaire d'État au développement de l'Agriculture et de l'Élevage du Kenya, a souligné que de petites interventions, telles que des subventions pour les semences et les engrais et des analyses complètes des sols, sont essentielles pour accroître la productivité des petits exploitants agricoles.
Faisant référence au programme de subvention des engrais du Kenya, M. Kagwe a déclaré : « L'intervention sous forme de subvention des engrais a été cruciale et repose sur un changement de politique : ne pas subventionner la consommation, mais plutôt la production. Subventionner la production permet d'augmenter considérablement la production et les défis sont bien moins importants que lorsque l'on subventionne la consommation. »
Il a également souligné la nécessité d'impliquer les agriculteurs dans les décisions politiques sur les subventions afin de garantir un impact maximal.
De même, Mandla Tshawuka, ministre de l'Agriculture de l'Eswatini, a souligné le rôle des subventions dans la stimulation de la production et de la sécurité alimentaire. Il a cité l'initiative de son gouvernement, dans le cadre de laquelle les agriculteurs contribuent à hauteur de 50 % aux coûts des intrants, le gouvernement prenant en charge la différence.
« Nous nous concentrons sur un seul acre de terre pour produire du maïs et des haricots, et la production s'est considérablement améliorée », a-t-il noté.
En outre, M. Tshawuka a salué le soutien de la Banque africaine de développement dans la construction d'un barrage sur un terrain de 10 000 hectares pour fournir de l'irrigation aux petits exploitants agricoles, augmentant ainsi leur résilience face au changement climatique tout en améliorant la production agricole.
Abubakar Kyari, ministre nigérian de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire, a souligné le rôle essentiel des infrastructures pour assurer une transition harmonieuse de la production à la consommation.
« Investir dans les ressources en eau, par exemple en construisant et en entretenant des barrages, est essentiel pour stimuler la productivité agricole », a-t-il déclaré.
Il a également mis en avant le programme des Zones spéciales de transformation agro-industrielle (SAPZ) du Nigeria, financé par la Banque africaine de développement, qui a été lancé pour stimuler la transformation agricole grâce au développement des infrastructures. Ce programme vise à améliorer les chaînes de valeur des principales cultures, notamment le riz, le manioc, le gingembre et les tomates, ainsi que l'élevage.
Chaque SAPZ fournira également des infrastructures (transport, électricité, eau et transformation) et facilitera l'accès au financement et aux marchés, ainsi que le transfert de technologie.
Musa Kpaka, ministre de l'Agriculture de la Sierra Leone, a souligné que les subventions de contrepartie constituaient un moyen efficace d'accorder des crédits aux petits exploitants agricoles. Dans le cadre de ce dispositif, les agriculteurs éligibles reçoivent un investissement sous forme de don unique, consistant en équipements agricoles, machines de transformation et autres services. Toutefois, pour être éligibles, les agriculteurs doivent contribuer à hauteur d'au moins 30 % de l'investissement requis, soit financièrement, soit en nature.
Guismala Hamza, ministre de l'Agriculture et du Développement rural de la République centrafricaine, a souligné l'importance d'organiser les petits exploitants agricoles de manière formelle et de les regrouper en coopératives afin d'améliorer leur accès au financement.
Dans son pays, les coopératives peuvent élaborer des plans d'affaires et créer un compte leur permettant d'accéder aux fonds des institutions de prêt ainsi qu'aux dons gouvernementaux tels que celui de la Banque africaine de développement, a-t-il déclaré, notant que cette méthode avait eu du succès dans son pays. Le don de la Banque auquel il a fait référence a été approuvé en 2022. La facilité de 5,39 millions de dollars visait à aider à la production de 32 000 tonnes supplémentaires de denrées alimentaires et à améliorer la sécurité alimentaire de 100 000 personnes en République centrafricaine.