La Banque africaine de développement (BAD et la Banque mondiale (BM) ont organisé conjointement à Dakar, le mercredi 4 juin 2008, la quatrième et dernière d'une série de consultations régionales sur leurs stratégies respectives portant sur le changement climatique. Cette activité fait suite aux consultations tenues à Tunis (9 mai 2008), à Pretoria (26 mai 2008) et à Addis Abeba (31 mai 2008). Cette dernière manifestation avait pour but de recueillir le point de vue des acteurs, mais aussi de tracer un chemin pour intensifier la collaboration entre les institutions africaines et les partenaires du développement pour une mise en œuvre efficace de leurs stratégies.
S'adressant aux participants lors de l'ouverture des travaux, le président sénégalais, Abdoulaye Wade, a lancé un appel aux Africains pour s'adapter aux changements climatiques tout en se préparant à affronter les périls futurs.
Il a ajouté que "force est de reconnaître que les pays de notre sous région éprouvent d'énormes difficultés à faire face aux désastres imprévisibles qui accompagnent les chocs climatiques". Il a recommandé une «prise en charge de l'ensemble des paramètres climatiques, actuels ou futurs, dans les politiques nationales de développement".
Il a terminé son propos en indiquant que "le problème global, de Dakar à Djibouti où est prévue la Grande muraille verte, ou de Casablanca au Cap, est de fournir une ou des réponses de l'Afrique face aux changements climatiques".
S'adressant également aux participants au cours de la consultation, le représentant résident de la BAD au Sénégal, M. Mohamed H'Midouche, a souligné l'impact des fluctuations liées aux changements climatiques et les conditions extrêmes comme les inondations, les sécheresses et les tempêtes, qui entravent la croissance économique dans certains pays africains.
Il a par ailleurs fait remarquer que ce sont les pauvres qui paient le prix fort des aléas climatiques, parce que leurs maigres ressources sont les plus touchées. Il a également indiqué que les sécheresses graves, les pluies diluviennes, les inondations et les cyclones sont autant de signes qui montrent sans ambiguïté que le changement climatique a déjà commencé et qu'il ne pourra être inversé au cours des prochaines décennies.
Enfin, il a invité les institutions de développement à prendre des mesures concertées pour s'assurer que les opérations qu'elles financent produisent les résultats escomptés.
Pour sa part, M. Madani Tall, Directeur des Opérations de la Banque mondiale au Sénégal, a indiqué que la consultation conjointe BAD-BM devait montrer que les changements climatiques ont un impact réel sur l'Afrique. Ce continent est, de l'avis général, celui qui est le plus affecté par les conséquences des émissions de gaz à effet de serre.
Selon lui, du fait de l'importance de l'agriculture et du développement urbain côtier dans son économie, le Sénégal est ''l'exemple typique d'un pays africain vulnérable à ces changements climatiques''. Ce pays doit de ce fait ''relever des défis dans la maintenance et l'aménagement des sols, la gestion des aires côtières et, de façon générale, la protection de l'environnement et le développement durable''.
Au cours de la consultation régionale conjointe, MM. John Sande Kanyarubona, Spécialiste en infrastructures, et Hany Shalaby, Spécialiste principal en environnement, ont présenté la stratégie du Groupe de la Banque sur le changement climatique. La stratégie de la Banque mondiale sur le changement climatique a été présentée par Mme Marjorie-Anne Broomhead, Chef de la Division Ressources naturelles et Environnement, Région Afrique et M. Aziz Bouzaher, Spécialiste en Chef, Division Afrique, Coordinateur de la stratégie de la Banque mondiale.
Rappelant les trois principaux défis des pays africains, soit la sécurité énergétique et l'accès à l'énergie, l'atténuation des effets négatifs du changement climatique et la gestion des risques climatiques et son adaptation, les participants ont estimé que l'atténuation des gaz à effet de serre ne constitue pas la priorité du continent, en raison du faible taux d'émission des gaz émis par l'Afrique par rapport aux autres régions du globe. Par contre, ils ont estimé que les deux autres défis que sont la sécurité énergétique / l'accès à l'énergie et une meilleure gestion des risques climatiques / l'adaptation à long terme constituent des priorités stratégiques qu'il convient de mettre en œuvre dans leur pays respectifs.
Par ailleurs, les participants ont exprimé leur satisfaction et salué l'organisation conjointe du séminaire entre la BAD et la Banque mondiale. Au terme de leurs travaux, ils ont appelé les deux institutions à prendre en compte les recommandations suivantes : (1) harmoniser les stratégies respectives des deux institutions pour les rendre complémentaires ; (2) refléter les stratégies nationales et sous-régionales des pays africains dans les stratégies des deux institutions portant sur le changement climatique ; (3) promouvoir activement le caractère « Banque du savoir », soit la mise en valeur et la prise en compte du savoir local, la recherche et le développement, la mise en place d'un système d'alerte précoce et d'information hydro-météorologique et climatique, tel que prévu dans le programme ClimDevAfrica initié conjointement par l'Union africaine, la Commission économique pour l'Afrique et la BAD ; et (4) mettre en place des mécanismes financiers innovants dédiés spécifiquement aux pays africains.
La consultation a rassemblé des responsables du gouvernement sénégalais, les membres du corps diplomatique, des représentants des douze pays de l'Afrique de l'Ouest ainsi que des partenaires au développement bilatéraux et multilatéraux.