Quinze années après la déclaration de Beijing, peu d'évolution est constatée.
Il faudrait une modification des textes discriminatoires et une sensibilisation des femmes sur leurs droits.
A l'instar de la communauté internationale, le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a célébré, lundi 8 mars 2010 à Tunis, la journée internationale de la femme, avec la participation massive du personnel aux activités marquantes de cette cérémonie. Les différentes présentations qui ont ponctué la journée, ont souligné que l'égalité du genre est fondamentale pour réaliser la croissance économique et la réduction de la pauvreté en Afrique.
En marge de la cérémonie, Mme Marie Delphine Ndiaye, présidente des femmes juristes sénégalaises, a explicité une étude analytique dans les législations des Etats de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), en ce qui concerne l'identification des dispositions discriminatoires, et des écarts en matière d'égalité des sexes.
Selon la conférencière, cette étude vise à permettre aux Etats membres de la CEDEAO, d'une part, de respecter les engagements pris à travers les traités et conventions relatifs aux droits humains, à travers leur intégration dans les législations, politiques et programmes nationaux, de mesurer l'effectivité de leur mise en oeuvre et l'efficacité des stratégies mises en place ; de mesurer l'impact sur les cibles et le degré d'appropriation des mesures édictées. D'autre part, d'identifier les obstacles et dysfonctionnements qui constituent des freins à la réalisation des objectifs fixés ; et de proposer des recommandations pertinentes et des mesures idoines pour l'atteinte des ODM pour un nouvel ordre politique et social basé sur l'égalité de chances entre hommes et femmes.
Mme Ndiaye s'est félicitée de la vision et de la stratégie de la BAD en matière de développement et de renforcement des conditions des femmes, mais estime que beaucoup reste à faire. Au plan de ses opérations, le Groupe de la BAD doit continuer à jouer son rôle de leader . «Quinze années après la déclaration et la plateforme de Beijing, nous pouvons affirmer que rien n'a bougé », précise-t-elle, expliquant que des défis majeurs demeurent en ce qui concerne, la scolarisation et le maintien à l'école des filles ; l'alphabétisation des femmes du monde rural ; la lutte contre les violences exercées sur les femmes avec un accent particulier sur le viol ; l'amélioration de la couverture sanitaire des femmes et des enfants ; la lutte contre la pauvreté qui a tendance à se féminiser ; l'accès des personnes séropositives à l'emploi et aux activités génératrices de revenu ; la participation et la représentation des femmes dans les organes de décisions gouvernementales.
Par ailleurs, a-t-elle indiqué, la plupart des pays africains ont signé les engagements internationaux et régionaux pour la promotion de l'égalité de genre, entre autres, la Déclaration universelle des droits de l'homme ; la convention sur l'élimination de toute forme de discrimination à l'endroit des femmes ; la déclaration des Nations Unies sur l'élimination de la violence contre les femmes ; et la déclaration solennelle sur l'égalité des hommes et des femmes en Afrique.
Dans sa conclusion, la conférencière a souligné que la situation du genre dans la région CEDEAO, « révélait une absence réelle de volonté politique de promouvoir la question » et a plaidé pour une harmonisation des textes nationaux en matière de genre. Aussi, estime-t-elle, le combat des femmes et celui des hommes devrait tendre à poursuivre le plaidoyer pour un large accès aux sphères décisionnelles, en particulier dans les instances des parties politiques, et pour une discrimination positive en matière de politique de recrutement et d'évolution de carrière.
Ce combat devrait également permettre d'améliorer le cadre institutionnel pour une modification des textes discriminatoires ; de sensibiliser les femmes sur leurs droits ; d'intégrer la question de genre dans les discussions annuelles du budget de l'Etat qui est un instrument de lutte contre les inégalités structurelles et ratifier la convention 183 de l'Organisation internationale du travail (OIT) relative à la protection de la maternité. Dans la perspective de 2015, des correctifs devraient voir le jour, pour l'atteinte des OMD, avec un accent particulier sur l'accès des femmes aux services sociaux de base, a conclu Mme Ndiaye.
Contact
Aristide Agoungnon Ahouassou