Les changements climatiques et le financement du développement ont été mercredi 25 mai 2010 au centre d'un atelier dans le cadre des Assemblées annuelles de la BAD à Abidjan.
Cette rencontre, co-animée par trois experts africains, à savoir le ministre de l'Energie et des Ressources en eau de la Sierra Leone, Ogunlade Davidson, le vice-président du Panel intergouvernemental sur le changement climatique, Youba Sokona et le directeur adjoint en charge de la mobilisation des ressources au ministère des Finances de l'Afrique du Sud, Mme Mmakgobhi Phetla-Lekhethe, a été l'occasion pour ces experts d'attirer l'attention des uns et des autres sur le développement des changements climatiques en Afrique et les possibilités de mobilisation de ressources pour financer le développement du continent.
Pour le professeur Ogunlade, les Africains, qui connaissent déjà les effets pervers des changements climatiques, ont besoin de se mobiliser, en priorité autour de l'économie verte et du développement de systèmes énergétiques dont dispose le continent, notamment le pétrole, le gaz naturel, les énergies renouvelables comme les barrages hydroélectriques pour stabiliser ces changements climatiques en vue de pouvoir amorcer véritablement le développement de l'Afrique.
Pour lui, «la promotion du développement des sources d'énergie propres, notamment en faisant appel au potentiel hydroélectrique africain, encore largement inexploité, est indispensable pour enrayer l'extrême pauvreté énergétique de l'Afrique, sans pour autant contribuer à une hausse des niveaux d'émission de gaz à effet de serre (GES) sur le plan mondial; mais malheureusement, cela n'est pas encore le cas, et le changement climatique est devenue un sujet très politique aujourd'hui, monté parfois artificiellement par les hommes qui veulent gagner rapidement de l'argent», a-t-il souligné.
M. Youba, pour sa part, a expliqué qu'en plus de l'économie verte qui doit être au coeur des changements climatiques en Afrique, l'une des priorités importantes est la mise à disposition de ressources pour financer le développement du continent.
Dans ces conditions, les Africains doivent réfléchir sur les questions liées à la mobilisation, à la gestion et à l'allocation des ressources nécessaires au financement des projets de développement. Toutes ces démarches, selon lui, visent à faire de la question des changements climatiques un problème de développement.
«Tout dépend de la vision ou de la trajectoire que l'on peut donner à la question des changements climatiques sur notre continent, car cette vision ou cette trajectoire peut être à la fois source d'inquiétude et d'opportunité», a-t-il indiqué en ajoutant que si les Africains ne se mobilisent pas suffise ment, les inquiétudes seront plus grandes ; mais s'ils se mobilisent, s'ils cherchent à légiférer, si les gouvernements cherchent à se mettre ensemble, pour réfléchir sur les voies et moyens à mettre en oeuvre pour lutter contre les aspects négatifs des changements climatiques, beaucoup d'opportunités vont s'offrir aux Africains.
Mme Mmakgobhi Phetla-Lekhethe a souligné que des actions urgentes sont nécessaires, car «les pays africains doivent mettre en oeuvre des stratégies leur permettant de s'adapter aux conséquences du changement climatique. Ils doivent intégrer ces stratégies dans leurs politiques de développement et dans les décisions prises en termes d'investissements publics.
De plus, la BAD doit les aider à renforcer leurs capacités pour qu'ils puissent participer aux débats sur le changement climatique, d'où l'importance de financer d'une part la recherche et le développement sur ce sujet et, d'autre part, à financer des gros projets de développement durable sur le continent».