L'Afrique subsaharienne est, dit-on, la région la plus vulnérable aux effets de l'augmentation de la variabilité climatique et à la fréquence et à l'intensité des événements extrêmes, à la forte dépendance à l'égard de l'agriculture pluviale pour garantir la sécurité alimentaire de base et la croissance économique.
Comment l'Afrique doit-elle dès lors se préparer à ce nouveau défi, en sus des autres qui la confronte déjà, notamment la crise énergétique, la crise financière ?
Pour en débattre, quatre panélistes, soit Sangafowa Mamadou Coulibaly, ministre de l'Agriculture de Côte d'Ivoire; Lindiwe Sibanda, directeur général d'une ONG en Afrique du Sud oeuvrant dans le milieu agricole; Calestous Juma, professeur à Harvard; et Sheila Sisulu, du Programme alimentaire mondial.
Le défi de l'adaptation est réel souligne le ministre Coulibaly. La Côte d'Ivoire a perdu 10 millions d'hectares de forêts et il y a urgence de gérer rationnellement les ressources forestières, de faire un meilleur équilibre entre développement économique et protection des ressources. L'Afrique doit passer d'une exploitation utilisant de larges zones géographiques à une culture basée sur l'intensité, la productivité.
Pour faire ce passage, le continent doit miser sur des politiques nationales et régionales cohérentes, associant les décideurs et les communautés locales, secteur privé compris. Et, concernant les changements climatiques, elle doit faire entendre sa voix, prendre sa place dans un débat encore trop largement dominé par le Nord.
Pour cela, un pré requis : la modernisation de la production et de la mise en marché. Cela passe par des systèmes d'information adéquats, une formation appropriée, mais aussi délocalisée dans les zones rurales, là où vivent les agriculteurs. Et aussi par l'accès, à prix abordables, à des technologies adaptées au contexte local africain.
Modernisation certes, renchérit un panéliste, mais cela ne doit pas pour autant marginaliser les femmes, sur qui repose encore l'essentiel de la culture agricole en Afrique. On doit aussi s'assurer d'une culture nutritive, pas uniquement axée sur une production ne pouvant combler les besoins en termes de qualité nutritionnelle.
Les exemples de reprise en main à succès existent. Le Malawi, par exemple, a pu, en quelques années, passer d'un état de sous-production à une production nationale autosuffisante, voire exportatrice.
La clé : le leadership, une volonté claire et affirmée de se sortir de la dépendance extérieure, et à un climat de plus en plus capricieux, à une organisation agricole permettant de combler les besoins alimentaires d'une manière pérenne.