En tant que représentant résident, comment appréciez-vous l'évolution de la décentralisation menée à la Banque et comment vous situez vous dans ce processus?
Le Groupe de la BAD a commencé à décentraliser ses opérations depuis plus de 10 ans. Le bureau fait précisément partie des premiers bureaux extérieurs (BE) ouverts, au nombre de 27 à date.
Cette décentralisation continue d'améliorer et de renforcer la visibilité de la BAD, ainsi que la coordination et l'harmonisation de ses activités avec les autres partenaires techniques et financiers.
En outre, elle contribue à l'amélioration à l'entrée des opérations et à la consolidation de la gestion du portefeuille; l'amélioration de la fréquence et de la réactivité du dialogue sur la politique des pays; et l'amélioration de la visibilité de la BAD au sein des pays membres régionaux, et parmi les partenaires donateurs. Au Gabon, elle contribue aussi à consolider le relations de la BAD avec les entités économiques sous régionales comme la CEEAC, la CEMAC ou la BDEAC.
Cependant, des défis encore importants existent. Il s'agit des pouvoirs limités conférés aux BE, l'insuffisance du personnel qualifié, notamment les spécialistes sectoriels, les spécialistes chevronnés dans les procédures d'acquisitions de biens, services et travaux. S'y ajoutent l'insuffisance persistante de la dotation des BE en personnel, notamment une combinaison inadéquate de compétences, au regard des besoins évolutifs des pays clients, l'absence de mobilité du personnel en poste dans les BE, ainsi que l'intégration insuffisante des personnels des BE au siège.
Au Gabon, par exemple, la BAD a un portefeuille de plus de 200 millions d'unités de compte pour le seul sous-secteur de l'éducation placé sous la responsabilité d'un gestionnaire de projets recruté localement. Ce volume d'opérations est équivalent à la somme des dotations en ressources Fonds africain de développement (FAD) de 3 pays membres régionaux sur lesquels travaillent plus de 5 professionnels internationaux.
Il y a également un besoin de renforcer les capacités des BE en matière d'analyse nécessaire pour soutenir le dialogue avec les gouvernements clients, les donateurs et les milieux d'affaires, et pour soutenir la conception des interventions de la BAD dans le cadre des projets et programmes, notamment pour les pays BAD. Pour ces pays à revenu intermédiaire précisément, il n'est plus totalement question uniquement de lutter contre la pauvreté, mais plus largement de promouvoir la croissance, d'appuyer le secteur privé et de lutter contre la changement climatique, comme au Gabon et en République de Guinée équatoriale.
Lorsqu'on évoque la proximité avec les clients, l'on pense aux prestations et aux opérations menées sur le terrain. Quelle est la valeur ajoutée de cette proximité dans votre travail au quotidien?
La présence de la Banque auprès de ses clients permet aux gestionnaires de projets et aux experts de la Banque de tisser de relations multiformes hautement bénéfiques pour l'amélioration générale de la gestion des opérations de la Banque.
Elle permet, d'une part, d'apporter une assistance concrète dans l'organisation de la gestion de projets (comptabilité, gestion du patrimoine); une contribution à la finalisation des dossiers avant leur envoi officiel à la Banque ;un conseil en ligne à l'endroit des CEPs sur la conduite à tenir par rapport aux obligations contractuelles des contractants.
D'autre part elle permet des dialogues fréquents avec les décideurs politiques pour mobiliser leur appui dans la recherche des solutions aux problèmes institutionnels et financiers; un renforcement de transfert de connaissances sur la gestion des contrats et l'utilisation des règles et procédures de la Banque et une formulation rapide, de recommandations à mettre en oe
uvre dans la gestion des projets (ex. supprimer l'intervention de deux directions technique dans la gestion des chantiers).
La proximité avec le pays client favorise aussi une plus grande contribution à la promotion de la connaissance de la Banque dans les administrations et dans le pays, à travers des séances de travail, des séminaires et des couvertures médiatiques ; une réduction du délai de traitement des demandes de décaissement ; et des solutions rapides aux problèmes rencontrés.
La déclaration de Paris et le programme d'action d'Accra insistent beaucoup sur la nécessité d'un alignement de l'aide sur les stratégies, les politiques, les procédures, et les dispositifs nationaux. Sur le terrain, comment traduisez-vous cet engagement de la Banque?
Des efforts ont été faits en termes d'appropriation dans le cadre de la proximité avec les clients.
Le Gabon s'est engagé formellement à appliquer la Déclaration de Paris et a réaliser avec l'appui de ses partenaires techniques et financiers (PTF): (i) l'enquête 2007 relative à la Déclaration de Paris, (ii) la préparation de son rapport-pays 2007 sur ladite Déclaration; et (iii) la participation aux travaux d'Accra en septembre 2008.
L'ensemble des partenaires techniques et financiers (PTF) au Gabon s'alignent sur les priorités stratégiques du DSCRP, pour appuyer les efforts du Gouvernement par le biais d'un mécanisme de coordination générale réunissant mensuellement les plus hauts responsables des PTF en plus des six Groupes thématiques (GT) et sectoriels couvrant l'ensemble des secteurs d'intervention des PTF.
En termes de valeur ajoutée, les avancées sont tangibles en termes d'harmonisation des cycles de programmation, d'échanges d'informations sur les missions dans la perspective des missions conjointes et de partage des aide-mémoires des missions.
La Banque, en tant que premier partenaire financier du Gabon prend activement part à cet effort d'harmonisation en participant au six GT et en assurant le leadership dans deux Groupes thématiques à savoir les Infrastructures et l'efficacité de l'aide. La Banque a fait réaliser en février et mars 2010 une étude d'évaluation de la procédure de passation des marchés publics au Gabon.
Les conclusions et recommandations du projet de rapport du Consultant sont en cours de revue. Des faiblesses demeurent cependant au niveau de l'appropriation effective de l'aide qui ne semble pas être suffisamment internalisée au niveau national et l'insuffisante coordination de l'action des partenaires par les autorités nationales en vue de mieux l'orienter sur les priorités nationales. En vue de réduire ces contraintes, des réformes importantes ont été faites dans ce domaine au cours du premier trimestre 2010 avec la nomination le 17 mars 2010 d'un des Conseiller du Premier ministre comme interlocuteur des PTF et la préparation en cours, avec l'aide des PTF, d'un Arrêté fixant le cadre de coordination, d'harmonisation et de suivi de l'aide extérieure. Cet arrêté prévoit des Comités d'orientations stratégiques et de concertation entre PTF et Gouvernement, des Groupes conjoints de Coordination et des Groupes thématiques conjoints pour des suivis sectoriels. Une cellule d'animation des groupes thématiques sera également créée et rattachée au Cabinet du premier ministre.