Moustapha Naite a été nommé ministre de la Jeunesse et de l'Emploi des jeunes en janvier 2014. Il a fait le déplacement depuis Conakry, afin d'assister au séminaire panafricain qu'a organisé la Banque africaine de développement (BAD) à Tunis, les 27 et 28 mars 2014. Il explique ici en quoi les transferts d'argent des Guinéens de l'étranger suscitent l'intérêt de son gouvernement.
Monsieur le Ministre, en quoi ce séminaire intéresse-t-il le ministre de la Jeunesse et de l'Emploi des jeunes que vous êtes ?
Ma présence ici traduit, d'une part, l'importance que la Guinée accorde à la question des transferts de fonds, mais surtout la volonté de mieux orienter ces fonds vers le secteur productifs, à travers la création des emplois, notamment des jeunes, afin de limiter les flux migratoires vers les pays du Nord.
A combien sont estimés les transferts d'argent de la diaspora guinéenne ? Et quels canaux empruntent-ils ?
En Guinée, les transferts de fonds des migrants représentaient près de 70 millions dollars EU en 2013, selon la Banque mondiale. Comparé à d'autres pays comme l'Egypte et le Nigeria, pour ne citer que les deux principaux récipiendaires du continent, les envois de la diaspora guinéenne semblent faibles. Mais ce chiffre de 70 millions de dollars EU n'est que la partie visible de l'iceberg et l'essentiel des envois transite par des canaux informels, compte tenu des coûts de transferts qui restent encore élevés.
Quelles sont les attentes des autorités guinéennes vis-à-vis des transferts d'argent des Guinéens de l'étranger?
Il s'agira pour nous de mobiliser cette épargne de la diaspora guinéenne à travers le monde, pour mieux les orienter vers le développement de notre pays, en mettant en place des dispositifs institutionnels et réglementaires incitatifs. Parce que ces fonds ont la particularité d'être une source de financement plus stable que l'aide publique au développement et que les investissements directs étrangers, qui subissent les chocs politiques, économique ou sociaux des pays de provenance.
Enfin, il s'agit d'accroître ces flux parce qu'ils financent à 80% les besoins de base des populations vulnérables, en particulier les jeunes en situation de chômage.