La Banque africaine de développement et le Tchad ont signé, le 29 juin 2016, des accords de financement de plus de 39 millions d'euros, destinés à améliorer les dépenses publiques et diversifier les sources de croissance. Il s'agit de la deuxième phase du Programme d'appui aux réformes des finances publiques (PARFIP-II), qui inclut un appui budgétaire sous forme de prêt (5 millions d'euros) et de deux dons totalisant 34 millions d'euros.
Le Tchad est dans une situation financière difficile, affecté par la baisse drastique des cours mondiaux du prix du pétrole. Le pays subit également la détérioration de la situation sécuritaire régionale qui a affecté le commerce intra-régional, la pêche et l'élevage, et entraîné un afflux important de réfugiés (plus d'un million de personnes). Dans ce contexte, le Tchad connait des tensions de trésorerie, avec un déficit budgétaire d'environ 107 millions d'euros.
Cet appui de la BAD permettra d'apporter une réponse à la plupart de ces facteurs de fragilité. L'appui budgétaire permettra de combler plus du tiers des besoins de financement au titre de l'exercice budgétaire 2016. L'Etat sera en outre en mesure d'apurer ses arriérés intérieurs dus aux fournisseurs privés.
Il permettra également d'améliorer la faible performance des institutions administratives, en mettant en œuvre des réformes dans la passation des marchés publics et l'amélioration du climat des affaires.
Vu l'impact escompté de cet appui sur l'efficacité des dépenses publiques et la diversification de l'économie, celui-ci contribuera à créer des emplois, facteur d'atténuation des crises sociales qui nourrissent les conflits armés.
En outre, le programme a prévu des mesures pour préserver les dépenses sociales prioritaires des restrictions budgétaires, en les maintenant à 19 % du budget de l'Etat. Ces dépenses contribueront à réduire les vulnérabilités sociales (espérance de vie, mortalité infantile, vaccination et scolarisation). Aussi, un accent particulier sera mis sur la scolarisation des filles (notamment en formation professionnelle).
Le programme a également prévu des mesures en appui aux actions du gouvernement visant à renforcer la résilience agricole, notamment la révision du code foncier et domanial, de sorte de sécuriser les investissements dans le secteur agricole et de contribuer, ainsi, à améliorer la sécurité alimentaire et l'état nutritionnel des populations.
« Je félicite le gouvernement tchadien pour avoir réussi à stabiliser son cadre macroéconomique et à initier les réformes pour améliorer l'environnement des affaires afin de diversifier l'économie du pays, trop dépendante de l'exportation des hydrocarbures », a déclaré Kapil Kapoor, vice-président par intérim de la BAD en charge de l'agriculture, de l'eau, du développement humain, de la gouvernance et des ressources naturelles. Et d'ajouter : « L'appui de la BAD et des autres partenaires techniques et financiers a été crucial pour atteindre ces résultats. Nous sommes heureux de pouvoir accompagner aujourd'hui vos efforts pour améliorer l'efficacité de la dépense publique et renforcer la résilience de l'économie aux chocs exogènes, liés notamment aux variations des cours des produits pétroliers. »
La première phase du PARFIP avait permis de consolider le cadre macroéconomique du pays, aidant à maîtriser l'évolution des dépenses publiques, marquée par une baisse de 26 % des dépenses primaires en 2015. Elle a également abouti à un meilleur suivi des dépenses avant ordonnancement (DAO), passées de plus de 20 % en 2013 à 9 % en 2015. Entre autres retombées, citons la validation du recensement des contribuables ou encore l'adoption du nouveau Code des impôts et de procédures fiscales en septembre 2015, visant à améliorer le recouvrement des impôts. Cette première phase du PARFIP a aussi permis d'adopter le nouveau Code des marchés publics, conforme aux directives de la CEMAC pour améliorer la transparence dans ce domaine, principale source de la corruption.
La ministre tchadienne du Plan et de la Prospective, Mariam Mahamat Nour, a indiqué pour sa part qu'elle était sensible aux efforts de la BAD pour répondre efficacement aux besoins des pays africains, comme en témoigne la rapide signature des accords de financement, deux jours à peine après l'approbation du programme par le Conseil d'administration de la Banque.