Dans la mise en place des projets qu'elle finance, la Banque africaine de développement place l'autonomisation des femmes au centre de ses interventions, notamment pour la réduction de la pauvreté et la résilience des communautés.
La Banque s'est dotée le 3 février 2021 d'une stratégie du genre pour la période 2021-2025 qui ambitionne de transformer les secteurs clés du développement en terrains d'opportunités pour les femmes et les jeunes filles.
Au Sahel, dans le Bassin du Lac Tchad, dans la Corne de l'Afrique, elles sont surexposées aux questions de vulnérabilité. Certaines ont perdu leur conjoint dans des conflits ; d'autres sont devenues cheffes de famille dans les camps de déplacés internes ou de réfugiés, où elles assurent d'importantes charges familiales, malgré les contraintes économiques, sociales et politiques.
« Les études nous démontrent que nous obtenons des rendements plus élevés lorsque nous investissons dans les femmes, remarque Vanessa Moungar, directrice du département Genre, femme et société civile à la Banque. Celles-ci réinvestissent la plupart de leurs revenus -jusqu'à 90 %- dans la mise en place d'un filet de protection sociale pour leur famille, avec des effets d'entraînement sur la santé, l'éducation, la nutrition et l'autonomisation des jeunes. Les investissements d'aujourd'hui produiront les rendements de demain. »
Dans les situations de fragilité, en particulier, l'attention portée aux femmes par la Banque vise toujours à réduire les inégalités de genre et à favoriser leur accès accru, comme celui des jeunes, aux ressources économiques et productives afin de consolider la résilience de communautés et des États.
Au Sahel, la Banque met en œuvre trois projets emblématiques d'une forte prise en compte de la dimension genre. C'est le cas notamment du Programme de renforcement de la résilience à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel (P2RS), qui cible les femmes au Burkina Faso, en Gambie, au Mali, en Mauritanie, au Niger, Sénégal et Tchad ainsi qu'au sein des pays du Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS).
Dans sa première phase, financée pour près de 250 millions de dollars américains, le P2RS a pour double objectif de ramener à 11% la prévalence de la malnutrition aiguë au Sahel et de faire passer la malnutrition chronique et l'insuffisance pondérale de 27 à 20%. Le programme ambitionne, au total, d'améliorer les conditions de vie de trois millions de personnes, dont 51% de femmes, notamment en renforçant les systèmes de solidarité et les dispositifs de protection sociale.
Avec le Programme de réhabilitation et de renforcement de la résilience des systèmes socio-écologiques du Bassin du Lac Tchad (PRESIBALT), la Banque s'intéresse notamment au statut des femmes grâce à la redynamisation et à la structuration des groupements économiques féminins. Le renforcement des capacités de résilience et d'adaptation des femmes au changement climatique est également au cœur des interventions du PRESIBALT.
Dialogue politique pour améliorer l'accès des femmes aux ressources
Deux autres projets viendront prochainement renforcer la stratégie de la Banque en faveur des femmes au Sahel et dans le Bassin du Lac Tchad. Ainsi, l'institution va financer pour près de 2,4 millions de dollars un projet de renforcement des capacités de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) mais surtout d'autonomisation des femmes et des jeunes au Niger et au Tchad.
Avec le Projet multinational d'autonomisation économique des femmes et des jeunes vulnérables dans la région du Sahel, la Banque va renforcer également son action en faveur des Maliennes, des Nigériennes et des Tchadiennes.
D'un montant de près de 1,4 million de dollars, ce projet contribuera à réduire les conséquences humanitaires et de la précarité issues des crises, des conflits et des aléas climatiques en favorisant la résilience économique des communautés isolées et en comblant le fossé entre aide humanitaire et développement.
Au Sahel, dans la Corne de l'Afrique comme dans le Bassin du Lac Tchad, dans les zones de fragilité extrême, les interventions de la Banque visent à garantir aux femmes plus de revenus en les soutenant dans les activités agricoles, l'artisanat, l'élevage, la création de micro-entreprises et les prestations de petits services.
La Banque aide aussi les femmes porteuses de micro-projets dans l'acquisition des engins de transformation (moulins), machines à coudre, petite embauche bovine. Elle les forme également à la nutrition, au maraîchage, à la santé maternelle et infantile.
La Banque a par ailleurs lancé, en mai 2016, l'initiative AFAWA (« Affirmative Finance Action for Women in Africa ») visant à favoriser l'accès des femmes africaines aux moyens de financement afin de réduire les obstacles qui les freinent dans la création d'activités économiques. La Banque cherche ainsi à combler un déficit de financement en défaveur des entreprises dirigées par des femmes en Afrique évalué à 42 milliards de dollars.
Au-delà de ces interventions opérationnelles, la Banque conduit des produits du savoir tels que les profils‑genre‑pays, qui permettent de générer des évidences et identifier les domaines prioritaires d'intervention. Parce que les disparités juridiques et socio-économiques entre les hommes et les femmes demeurent importantes en Afrique, la Banque a mis en place, en 2015, l'Indice de l'égalité du genre afin de mesurer et corriger ces disparités.
Autre initiative plus récente, la Banque et plusieurs partenaires ont lancé, en octobre 2020, le réseau « Femmes pour l'éthique et la conformité en Afrique » (WECA, Women in Ethics and Compliance in Africa) autour de cadres et dirigeantes impliquées dans la lutte contre la corruption et la non-conformité dans les entreprises et activités commerciales.
Enfin, la Banque africaine de développement développe un dialogue politique afin de soutenir les efforts des pays membres régionaux pour améliorer l'accès des femmes aux ressources économiques et sociales, notamment une plus grande scolarisation des filles et un meilleur accès des femmes à la terre à travers des législations plus favorables.
L'autonomisation des femmes passe par des activités génératrices de revenus : ici, à l'est du Niger, des femmes s'adonnent à la culture du poivron.