Depuis l'établissement de la coopération et le début des opérations du Groupe de la Banque africaine de développement au Sénégal en 1972, le Conseil d'administration de la Banque a approuvé environ 116 opérations en faveur du pays pour un montant cumulé de plus de 3,47 milliards de dollars (environ 1 957 milliards de FCFA). La Banque est un partenaire stratégique du Sénégal dans tous les secteurs de développement (infrastructures, transport, énergie, gouvernance, développement rural, etc.).
Le niveau des engagements de l'institution est une illustration des liens solides de partenariat qui ont été tissés avec le Sénégal au cours des cinq dernières décennies. Toutes les cinq priorités stratégiques de la Banque, les " High 5 ", mises en œuvre dans le cadre de la Stratégie décennale de l'institution connaissent une mise en œuvre optimale avec des résultats probants.
Le portefeuille inclut une garantie partielle de crédit pour la couverture des risques de 308 milliards de FCFA, un financement du secteur privé de 120 millions de dollars (environ 70 milliards de FCFA).
Au niveau régional, le Sénégal bénéficie de trois opérations multinationales, notamment : le Projet énergie OMVG (Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie), le pont trans-Gambie (long de 942 mètres), inauguré le 21 janvier 2019 et le pont de Rosso (long de 1,5 kilomètre), entre le Sénégal et la Mauritanie, dont les travaux ont été lancés le 29 novembre dernier, par les présidents Macky Sall et Mohamed Ould Ghazouani.
Le portefeuille est aligné sur le Plan Sénégal émergent (PSE) et la Stratégie décennale de la Banque, déclinées en cinq grandes priorités appelées les " High 5 ". Les opérations en cours contribuent à l'ensemble des " High 5 " : " améliorer la qualité de vie des populations en Afrique " (39% du portefeuille) ; " intégrer l'Afrique " (35%) ; " nourrir l'Afrique " (10%) ; " industrialiser l'Afrique " (8%); et " éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie " (7%).
Le Document de stratégie-pays (DSP 2021-2025) du Sénégal a été approuvé par le Conseil d'administration le 28 mai 2021. L'objectif principal de la stratégie est de soutenir une croissance robuste et stable et contribuer au renforcement de la résilience. Cet objectif sera réalisé à travers les domaines prioritaires suivants : le renforcement des infrastructures pour soutenir la compétitivité et l'intégration régionale ; et l'accroissement de la résilience de l'économie à travers la transformation agricole et le développement industriel.
Dans le cadre du domaine prioritaire I, la Banque appuiera l'expansion et la modernisation d'infrastructures de transport (autoroute Dakar-Saint Louis, port de Ndyane et chemin de fer Dakar Bamako, etc.) ; l'accès universel à l'électricité d'ici à 2025 à travers le Projet d'amélioration de l'accès à l'électricité dans des zones périurbaines et rurales. Le Sénégal pourrait également bénéficier de l'initiative " Desert to power " à travers l'interconnexion avec les pays du G5 Sahel. L'initiative vise à fournir dix gigawatts d'énergie photovoltaïque d'ici à 2025 à 250 millions de personnes vivant dans la bande sahélienne.
Dans le domaine prioritaire II, l'appui de la Banque contribuera au développement des chaînes de valeur agricoles à travers l'initiative Technologies for African Agricultural Transformation (TAAT) ; le développement des Zones de transformation agricole (agropoles Sud, Centre et Nord) et ; l'accélération de l'industrialisation, la compétitivité et l'emploi des jeunes et des femmes.
Réalisations de la Banque dans le cadre d'initiatives spéciales
En outre, la Banque vient de conclure récemment un accord de financement pour la mise en place d'une ligne de crédit avec une banque locale, la BNDE. Enfin, le Programme d'appui à l'accélération industrielle, à la compétitivité et l'emploi, cible les jeunes porteurs de projets, les très petites et moyennes entreprises et les auto-entrepreneurs.
Résultats et impacts des investissements de la Banque au Sénégal dans le cadre des " High 5 "
S'agissant des opérations structurantes en cours, le Projet de valorisation des eaux pour le développement des chaînes de valeur, d'un financement d'environ 122 millions d'euros, contribue à asseoir une croissance économique forte, inclusive et durable et à améliorer les conditions de vie des populations rurales à travers l'aménagement de 12 730 hectares. Il permet la promotion des chaînes de valeur riz et maraîchage, l'accompagnement de 5 000 petites et moyennes entreprises (PME) pour les jeunes (hommes et femmes) porteurs d'initiatives économiques, l'appui à 1 680 organisations de producteurs, unions et comités de gestion et l'accompagnement de 16 000 producteurs. En améliorant le potentiel productif, la structuration des chaînes de valeur et la promotion d'un tissu entrepreneurial fort, le programme vise à renforcer les facteurs de réussite des cinq agropoles, projets phares du Plan Sénégal émergent dont la Banque est le partenaire majeur.
La Banque finance également le Projet de zone de transformation agricole Sud (PZTA Agropole-Sud), pour un montant de 43,1 millions d'euros, et le Projet de zone de transformation agricole Centre (PZTA Agropole-Centre), en cours de formulation pour un montant d'environ 60 millions d'euros. La Banque finance par ailleurs, des études pour la réalisation du Projet de zone de transformation agricole Nord (PZTA-Nord) qui vise à créer 41 000 emplois.
Dans ce pays où l'agriculture emploie plus de 80 % de la population active en milieu rural, la Banque contribue au développement d'une agriculture qui génère à la fois des revenus et une croissance stables, résilients et durables. L'institution appuie le Sénégal à travers le Projet de désenclavement des zones de production qui vise à améliorer l'accès aux facteurs de production et un meilleur écoulement des productions de 48 communes agricoles (pour une population de 651 000 habitants). À travers le Programme national de développement local, l'accompagnement de la Banque a permis de construire 2 550 kilomètres de pistes de désenclavement pour 232 communes rurales touchant plus de trois millions d'habitants.
Le Projet de réhabilitation de la route Sénoba-Ziguinchor-M'pack et de désenclavement de la zone sud du Sénégal, financé à hauteur de 55,75 milliards de FCFA par la Banque, s'inscrit dans la continuité des interventions de l'institution sur ce corridor, pour la réhabilitation de la route Dinguiraye - Nioro - Keur Ayib (inaugurée en février 2018). Les interventions de la Banque ont permis de maintenir en bon et moyen état 82% de routes revêtues et 55 % de routes en terre. La mise en service en 2019 du pont sur le fleuve Gambie a fluidifié les échanges entre le Sénégal et la Gambie. Le projet de réhabilitation de la route nationale 2 et de désenclavement de l'ile à Morphil permet aux populations concernées d'être reliées à la route nationale N°2 et d'assurer la continuité territoriale de cette région avec le reste du pays.
L'autoroute à péage Dakar-Diamniadio a permis de décongestionner la presqu'île du Cap Vert. L'Aéroport International Blaise Diagne (AIBD), en service depuis 2017, est un atout indéniable pour le Sénégal dans son positionnement comme un hub aérien et touristique dans la sous-région. Le Train express régional (TER), entré en exploitation commerciale le 27 décembre dernier permettra de fluidifier le transport urbain dans la région de Dakar. Le Projet de construction du pont de Rosso et ses voies d'accès, financé pour plus de 26,73 milliards de francs CFA par la Banque et d'autres partenaires, permettra une augmentation très sensible du trafic des voyageurs et des marchandises entre le Sénégal et la Mauritanie, le développement des activités de transport le long des corridors transafricains Tanger-Lagos et Alger-Dakar, et entre l'Europe et l'Afrique subsaharienne
En plus des réalisations physiques sur le terrain, le Projet de renforcement de l'alimentation en eau pour multi-usagers sur l'axe Louga-Thiès-Dakar, à partir de la station de Keur Momar Sarr (KMS.3) a mis en œuvre un programme d'IEC (information, éducation et communication) pour sensibiliser les communautés bénéficiaires et accompagner les populations affectées par le projet. La contribution de la Banque a également intégré la mise en place d'infrastructures socio-économiques pour permettre aux populations de la zone d'intervention du projet de développer des activités génératrices de revenus.
Le Projet d'appui institutionnel à la mobilisation des ressources et à l'attractivité des investissements, dans son volet fiscal, a favorisé une augmentation de 17,1% du PIB, du nombre de contribuables (+3%), et des éléments pour la conformité en vue de l'échange de renseignements à des fins fiscales. Ces réalisations sont relatives à l'amélioration de l'algorithme de sélection des contrôles fiscaux et de la mise en place d'une application de suivi du contrôle fiscal dans quatre centres des impôts pilotes. Elles sont également à la base du renforcement des infrastructures informatiques de la direction générale des impôts et des domaines, permettant ainsi le déploiement effectif de solutions digitales. La contribution de la Banque a permis la mise en place de la plateforme de gestion des finances locales (GFILOC) et de l'observatoire des finances locales (OBFILOC). En dépit de la pandémie de Covid-19, des réalisations majeures ont été faites pour attirer les investissements grâce à l'appui du Bureau opérationnel de suivi (BOS) pour la structuration de projets phares (comme l'industrie pharmaceutique), l'amélioration du fonctionnement des Zones économiques spéciales via l'élaboration de protocoles d'accords avec les administrations, les sociétés concessionnaires et les fournisseurs de services. La Banque a également apporté des financements dans le cadre de l'assistance technique et le renforcement de capacités pour la mise en œuvre de la politique nationale de qualité et l'organisation d'ateliers sur le développement de l'industrie et les partenariats public-privé (PPP).
Le projet de Parc de technologies numériques, financé sur le guichet BAD, vise à bâtir une infrastructure de classe mondiale pour faire du Sénégal une plaque tournante dans le secteur des TIC.
Le Projet d'appui au programme d'urgence de développement communautaire vise, entre autres, la réalisation de 40 forages, 20 édicules publics, 600 bornes fontaines de 20 postes de santé et la construction de 300 kilomètres de pistes rurales.
Les perspectives
Le Groupe de la Banque africaine de développement compte jouer un rôle majeur pour le financement de la deuxième phase du Plan Sénégal émergent. L'institution a approuvé, le 17 décembre dernier, un financement de 162 millions d'euros pour la mise en œuvre de la phase I du Programme de désenclavement des zones agricoles et minières du Nord du pays. Elle a été également sollicitée par le gouvernement du Sénégal pour participer au financement de la phase 2 du TER entre Diamniadio et l'Aéroport AIBD d'un coût d'environ 60 milliards de FCFA.
La stratégie d'intervention de la Banque pour la période 2022-2025 sera axée sur le renforcement des infrastructures afin de soutenir la compétitivité et l'intégration régionale ; et l'expansion de la croissance économique par la transformation agricole et le développement industriel. La Banque africaine de développement compte mobiliser 787,148 milliards de FCFA de financement pour ce cycle de cinq ans au profit du Sénégal.