Cette semaine, le groupe African Risk Capacity (ARC) a lancé sa solution " Outbreaks and Epidemics " (O&E), le tout premier mécanisme d'assurance contre les risques d'épidémies en Afrique, conçu pour permettre une réaction rapide des pays face aux épidémies et aux maladies et pour prévenir la propagation de ces menaces.

Le produit, né à la suite de la crise dévastatrice d'Ebola en Afrique de l'Ouest en 2014 et développé en réponse à une demande des ministres africains des finances sous les auspices de l'Union africaine (UA), met à disposition des outils et des mécanismes de financement innovants pour renforcer les capacités de préparation et de réponse des pays participants afin de gérer efficacement les épidémies.

Ayant pour mandat d'aider les États membres de l'UA à planifier, préparer et répondre aux événements climatiques extrêmes et aux épidémies, l'ARC et l'UA, l'organisme fondateur de l'organisation, reconnaissent la corrélation entre les risques climatiques et les maladies pathogènes et la façon dont le changement climatique les aggrave.

Le lancement de la solution O&E fait suite aux efforts considérables déployés par le groupe pour diversifier son portefeuille de produits et fournir une série de solutions qui répondront aux différents besoins sur le continent. Il intervient également à un moment où l'organisation étend ses opérations et cherche à accroître sa portée et son impact. Le produit O&E viendra compléter les produits existants sur la sécheresse et les cyclones tropicaux, ainsi que le modèle d'inondation qui sera bientôt lancé. Tous ces produits contribuent à réduire la vulnérabilité des gouvernements participant à ces menaces et leur dépendance excessive à l'égard des donateurs extérieurs en cas de catastrophe.

Au niveau continental, il y a une forte reconnaissance de la menace croissante que représentent les épidémies et le besoin urgent de trouver des solutions qui permettront aux gouvernements africains de gérer efficacement les urgences de santé publique et d'assurer la protection des plus vulnérables. Au cours des 20 dernières années, l'occurrence croissante de multiples urgences sanitaires transfrontalières complexes a entraîné des pertes de vies et de moyens de subsistance dévastateurs et a exacerbé d'autres défis socio-économiques préexistants. L'épidémie de COVID-19 est encore fraîche dans nos mémoires, mais nous avons connu des épidémies d'autres maladies potentiellement mortelles et dévastatrices pour l'économie, comme Ebola, Marburg, la méningite et la fièvre de Lassa, entre autres.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Afrique est confrontée chaque année à une centaine de flambées de maladies infectieuses et autres urgences sanitaires, mais les faiblesses de la préparation nationale et le manque général de financement initial pour enquêter et contrôler les flambées avant qu'elles ne se transforment en épidémies constituent un défi important.

La pandémie du COVID-19 a mis en évidence les lacunes de la préparation mondiale et les problèmes des systèmes de santé africains, et de nombreux gouvernements ont eu du mal à s'en remettre. L'impact de toute épidémie non maîtrisée va au-delà des défis sanitaires immédiats. Il souligne l'importance de la préparation et de l'état de préparation aux épidémies, et l'ARC est fier d'être en mesure d'apporter une solution qui permettra justement cela.

L'assurance paramétrique souveraine ARC O&E est structurée comme un instrument de transfert de risque qui offre une protection par le biais d'une approche à plusieurs volets : travail de renforcement des capacités dans le pays sur la préparation aux épidémies ; planification d'urgence pour permettre une réponse rapide et efficace lorsqu'une épidémie se produit ; modélisation des épidémies pour calculer l'analyse des risques à partir d'événements épidémiques simulés de manière réaliste ; et un produit paramétrique de transfert de risque qui couvre les coûts de réponse rapide d'une épidémie. Le produit couvrira initialement trois maladies à potentiel épidémique, à savoir Ebola, Marburg et la méningite, et sera étendu en fonction des besoins évalués dans les États membres.

Cette solution permettra d'apprécier l'ampleur des risques d'une maladie infectieuse à potentiel épidémique et facilitera la planification critique qui permettra de sauver des vies. Une fois la politique mise en place, l'ARC travaillera en étroite collaboration avec les pays participants pour entreprendre une analyse complète des risques et une modélisation de scénarios de différents paramètres.

Il s'agit notamment de comprendre des aspects essentiels tels que la nature de l'épidémie, la pathogénicité, la vitesse de propagation en tant que facteur de population et de mouvement, et la capacité des systèmes de santé, afin d'informer les dispositions d'urgence nécessaires pour la réponse nationale et le transfert éventuel des risques. Ces informations sont précieuses car elles permettent de suivre la progression de la maladie et de sensibiliser les pouvoirs publics et les parties prenantes, même dans le cas d'événements mineurs qui ne déclencheront pas le versement d'une indemnité d'assurance.

Le Sénégal, dont l'histoire avec l'ARC remonte à 2012, date à laquelle le gouvernement a signé le traité de fondation de l'ARC, et qui participe depuis 2012 au programme de renforcement des capacités de l'ARC en matière de sécheresse, est le premier pays à souscrire à la police d'assurance O&E. Le pays, qui se trouve dans la ceinture de méningite et qui est également, comme les pays voisins, à risque de filovirus potentiels (Ebola, Marburg), pourra renforcer davantage sa capacité de réponse et initier des réponses impactantes lorsque le besoin s'en fera sentir. Au cours de la phase de recherche et de développement en 2018, le produit a été piloté en Guinée et en Ouganda, et les leçons apprises ont été utilisées pour améliorer encore le produit.

Dans l'exécution de son mandat, l'ARC a toujours reconnu le rôle essentiel des partenaires de financement et de développement qui rendent son travail et ses programmes possibles. Dans le même ordre d'idées, la recherche, le développement et le lancement de la solution O&E de l'ARC ont été rendus possibles grâce au soutien de partenaires qui se sont engagés à faciliter divers aspects de ce processus. La Fondation Rockefeller a d'abord financé le travail de développement, et la Direction du développement et de la coopération suisse a également financé la phase de R&D et a  fourni un soutien aux primes d'assurance pour permettre la participation des pays aux pools de risques O&E.

Récemment, la Fondation Bill et Melinda Gates a également fourni des fonds pour soutenir les activités d'O&E axées sur le genre dans la région de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), afin de compléter ces investissements et d'élargir la portée et l'étendue des travaux de l'ARC en matière de flambées et d'épidémies. Il s'agit là d'excellents exemples de la manière dont les partenariats peuvent s'unir pour obtenir des résultats concrets et développer un écosystème entier qui renforcera les capacités en cas d'épidémie.

La dernière pandémie a mis en évidence la nécessité d'une approche coordonnée. C'est pourquoi l'ARC, en développant cette solution, a consacré beaucoup d'efforts à créer des synergies et à cimenter des accords de partenariat avec d'autres organisations dans ce domaine, comme le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies, l'Organisation mondiale de la santé et l'Institut Pasteur de Dakar. Ces partenaires ont été une source de grand soutien tout au long du processus de développement et nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec eux, non seulement pour assurer le succès de ce produit, mais aussi pour veiller à ce que nos solutions répondent rapidement et efficacement aux besoins du continent.

Le leadership de l'ARC nous a encouragés à promouvoir une culture de gestion des risques de catastrophes solide, durable et proactive sur le continent africain. La solution O&E en est la preuve, car nous développons un état d'esprit à la fois préventif et réactif, en évaluant et en comprenant les risques auxquels nous sommes confrontés.

Cette dernière solution permettra aux pays africains de mieux gérer les risques sanitaires, de protéger les populations vulnérables et de résoudre certains des problèmes liés aux épidémies. Disposer d'une offre de produits diversifiés autour du changement climatique et maintenant des épidémies, largement reconnus aujourd'hui comme les plus grandes menaces pour la croissance économique et le développement, permettra également à nos États membres d'adapter leur participation aux pools de risques de l'ARC et de gérer leurs risques de manière proactive. Le travail d'opérationnalisation du produit sur le terrain commence maintenant.

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Robert Kwame Agyarko est conseiller principal en matière d'épidémies à l'ARC.

Amadou Bah (PhD) est le conseiller principal en santé publique à l'ARC.

Eva Grace Kavuma est la directrice des opérations de l'Agence ARC.