Nouvelles dynamiques de l'aide publique au développement - Quand le paysage africain se redessine

Construction et aménagement d'une école maternelle.
20 Juin 2023
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InfoWire

Alors que l'aide publique au développement (APD) a atteint un sommet record en 2022, la part dédiée à l'Afrique subsaharienne s'est contractée. La crise en Ukraine et l'émergence de nouveaux acteurs dans le domaine de l'APD, comme les Émirats Arabes Unis, redéfinissent les priorités et les approches dans le financement du développement.

En avril dernier, l'OCDE a annoncé que l'aide publique au développement (APD) avait augmenté de 13,6 % en 2022, atteignant un sommet record de 204 milliards de dollars. Cependant, la part consacrée à l'Afrique subsaharienne s'est réduite de 7,8 %. Malgré les assurances de Carsten Staur, président du Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE, la crise en Ukraine a incontestablement eu un impact sur l'aide au développement africain.

La situation a mis les principaux donateurs – la France, les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne – face à un dilemme : soutenir l'Ukraine tout en honorant leurs engagements africains. Ces engagements, jugés tout aussi urgents que la crise ukrainienne, ont vu le soutien financier à l'Ukraine passer de quelques centaines de millions de dollars à 16 milliards de dollars.

Cette situation souligne la nécessité de diversifier les sources d'APD pour l'Afrique, qui lutte contre les menaces climatiques, les urgences humanitaires et les crises sécuritaires. Fort heureusement, ces dernières décennies ont vu émerger de nouveaux acteurs qui, qu'on les critique ou non, se positionnent et remettent en question les normes établies. Ces acteurs innovent, redéfinissent les pratiques traditionnelles de l'assistance, avec pour objectif principal les communautés.

En 2017, l'APD des Emirats arabes unis, un des nouveaux acteurs émergents en la matière, s'élevait à 4,6 milliards de dollars, soit 1,31 % de son revenu national brut, largement au-dessus de l'objectif de 0,7 % fixé par les Nations Unies. Trois des 5 principaux bénéficiaires de l’aide émirienne étaient des pays africains : les Comores, le Rwanda et la Tanzanie. Cette générosité contraste avec la performance de donateurs traditionnels comme la France, le Royaume-Uni, le Japon et les États-Unis, qui n'ont toujours pas encore atteint l'objectif des 0,7 %, fixé depuis 1978.

Au Sahel, l'assistance émirati prend principalement la forme d'APD et de programmes humanitaires. Leurs investissements stratégiques dans l'énergie, l'éducation et la santé illustrent cette approche. En 2020, les EAU ont alloué 2 milliards d'euros à l'économie mauritanienne. Au Togo, le projet d'énergie solaire de Blitta, financé par les EAU, a amélioré la vie de milliers de personnes en leur donnant accès à l'électricité et à l'éducation.

“Ces actions s'inscrivent dans une logique de partenariat, visant à établir des relations durables avec les pays bénéficiaires”,  explique un expert des APD, basé à Bruxelles. Ce principe est évident dans les initiatives comme le Centre Zayed pour les enfants autistes à Nouakchott en Mauritanie, le plus grand centre de ce type en Afrique de l'Ouest, financé par les EAU, ou encore la construction de 50 000 logements au Sénégal par le groupe EGI des EAU, un projet fortement soutenue par les autorités émiraties.

Quant à la mise en place du Centre Mohamed Bin Zayed pour l’entreprenariat et l’innovation à Dakar, il  est placé sous le sceau “des relations étroites et historiques entre les Émirats Arabes Unis et le Sénégal” . Ce fait a été souligné par le chargé d’affaires de l'ambassade émiratie à Dakar lors de la cérémonie de lancement des travaux du centre, le 14 février 2022. Ce nouveau centre, implanté dans le quartier Mermoz de la capitale sénégalaise, “symbolise l'engagement continu des EAU en faveur du développement durable en Afrique”, avait-il souligné.

En 2021, la majorité de l'aide étrangère des EAU à l'Afrique a été octroyée sous forme de subventions, soit 95 % pour un montant de 575,8 millions de dollars, donc sans service de la dette additionnelle. Les 5 % restants ont été accordés sous forme de prêts, pour un montant de 31,1 millions de dollars.

Par contraste, l'aide provenant de donateurs traditionnels comme la France, les États-Unis ou la Chine est souvent critiquée. L'aide française, qui a augmenté de 12,5 % en 2022, est controversée sur le continent, et perçue comme trop orientée vers les intérêts du donateur. L'aide américaine est souvent reprochée pour son conditionnement politique, tandis que l'aide chinoise est souvent associée à l'endettement croissant des pays bénéficiaires.

Dans ce panorama dynamique et en constante mutation de l'assistance au développement, le cas des Émirats Arabes Unis, à l'instar d'autres acteurs émergents sur la scène africaine, offre des perspectives éclairantes sur la recomposition des alliances stratégiques sur un continent où les besoins de financement explosent.

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