Akinwumi Adesina présente sa vision du futur pour une croissance durable et une résilience climatique dans un discours clé prononcé devant l'Union africaine

17 Juillet 2023
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, M. Akinwumi Adesina, a présenté dimanche les réalisations et les engagements importants de la Banque en faveur de l'Afrique, soulignant la détermination de la Banque à mobiliser des ressources pour stimuler la transformation économique, la résilience climatique et relever le défi de la dette du continent, entre autres priorités.

S'exprimant à l'occasion de la 5e réunion de coordination semestrielle de l'Union africaine (UA) à Nairobi, au Kenya, M. Adesina a évoqué les investissements considérables de la Banque, notamment les 44 milliards de dollars consacrés à des projets d'infrastructure régionaux et nationaux au cours des sept dernières années.

Il a déclaré que l'augmentation générale du capital de la Banque de 93 milliards de dollars à 208 milliards de dollars en 2019, « la plus élevée de son histoire depuis sa création en 1964, a fourni à l'institution la puissance financière nécessaire pour soutenir fermement l'Afrique dans sa lutte contre la pandémie du Covid-19 et dans sa reprise. »

La Banque a mis en place une Facilité de réponse rapide au Covid-19 d'un montant allant jusqu'à 10 milliards de dollars afin d'aider les gouvernements et le secteur privé à faire face aux effets de la pandémie.

Neuf chefs d'État et de gouvernement, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, et la secrétaire générale adjointe des Nations unies, Amina Mohammed, ont participé à cette réunion. Étaient également présents les dirigeants des organisations panafricaines et des Communautés économiques régionales, ainsi que des représentants d'organismes internationaux. L'UA a convoqué la réunion sous le thème « Accélération de la mise en oeuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ».

Faisant le bilan des efforts de mobilisation des ressources de la Banque, M. Adesina a déclaré qu'après deux années de travail acharné, la Banque africaine de développement avait contribué, avec la Banque interaméricaine de développement, à concevoir une structure financière innovante qui répondait aux exigences techniques du Fonds monétaire international (FMI) pour le réacheminement des droits de tirage spéciaux (DTS) par l'intermédiaire des banques multilatérales de développement.

Depuis l'année dernière, les dirigeants africains réclamaient 100 milliards de dollars supplémentaires en DTS pour le continent, et demandaient qu'une partie de cette somme soit réacheminée par l'intermédiaire de la Banque africaine de développement, qui est un détenteur agréé de DTS.

Cette initiative, qui a reçu des éloges du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, et de plusieurs autres dirigeants mondiaux, permettrait à la Banque africaine de développement de multiplier par quatre la valeur des DTS grâce à un effet de levier et de fournir d'importantes ressources au continent.

M. Adesina a déclaré aux dirigeants africains que leur action était nécessaire pour confirmer le réacheminement des DTS par l'intermédiaire de la Banque africaine de développement cette année.

Il a indiqué que la Banque cherchait activement à mettre en place des mécanismes, en collaboration avec la Banque mondiale, le FMI et les créanciers bilatéraux, pour gérer la situation de la dette africaine dans le cadre commun du G20.

Le G20 a lancé le Cadre commun pour coordonner le reprofilage et la restructuration de la dette par les créanciers publics et privés, y compris les prêteurs non membres du Club de Paris, tels que la Chine continentale, l'Inde, l'Arabie saoudite, le Koweït et la Turquie, afin d'assurer un partage équitable du fardeau entre tous les créanciers. Le Tchad, l'Éthiopie et la Zambie ont demandé un allègement de leur dette au titre du cadre commun.

« Nous devons nous attaquer résolument au problème croissant de la dette en Afrique », a insisté M. Adesina, qui s'est dit préoccupé par l'encours total de la dette du continent, qui s'élève à 1 300 milliards de dollars. Le coût du service de la dette a atteint 22 milliards de dollars en 2022 et devrait augmenter cette année.

Le président de la Banque a toutefois déclaré que l'Afrique devait changer son approche de la dette et a appelé à la cessation de tous les prêts garantis par des ressources naturelles. « Ils ne sont pas dans l'intérêt de l'Afrique, car ils ne sont pas transparents. Ils sous-évaluent les ressources et mettent en gage les actifs nationaux », a-t-il déclaré. Il a ajouté que les prêts garantis par des ressources naturelles avaient conduit à des « pratiques prédatrices en matière de prêts de la part des créanciers, qui aggravent la situation des pays emprunteurs ».

En ce qui concerne la mobilisation des ressources pour lutter contre l'insécurité alimentaire en Afrique, le président de la Banque a souligné l'importance du Sommet Dakar 2 sur l'alimentation qui s'est tenu en janvier 2023 et auquel ont participé 34 chefs d'État et de gouvernement, des partenaires au développement, des agriculteurs et des acteurs du secteur privé. À ce jour, la Banque a mobilisé 72 milliards de dollars pour mettre en oeuvre les Pactes de fourniture de denrées alimentaires et de produits agricoles élaborés lors de ce sommet.

M. Adesina a évoqué les résultats de la Facilité africaine de production alimentaire d'urgence de 1,5 milliard de dollars que la Banque a lancée en mai 2022 en réponse à la guerre de la Russie en Ukraine, qui a fait grimper les prix du blé et du maïs dans le monde entier et a fait planer la menace d'une crise alimentaire en Afrique. De nombreux pays du continent dépendent de ces deux pays pour leurs importations de maïs et de blé. Jusqu'à 44 pays bénéficient de cette facilité qui, selon M. Adesina, « aide 20 millions d'agriculteurs à travers le continent à produire 38 millions de tonnes de denrées alimentaires ».

Le président du Groupe de la Banque africaine de développement a souligné l'impact de la 16e reconstitution des ressources du Fonds africain de développement, le guichet de prêts concessionnels du Groupe, pour les pays africains à faible revenu, qui a mobilisé l'année dernière 8,9 milliards de dollars en faveur de ces pays. Il a indiqué qu'il s'agissait de la plus importante reconstitution des ressources depuis la création du Fonds en 1972. Il a expliqué que la reconstitution des ressources a également donné lieu à la création d'un Guichet d'action climatique spécial destiné à soutenir la résilience climatique dans les États fragiles et à faible revenu, pour lequel la Banque a mobilisé 429 millions de dollars.

Dans son allocution d'ouverture de la session, le président des Comores et président en exercice de l'UA, Azali Assoumani, a déclaré que l'Afrique devait resserrer les rangs pour concrétiser sa vision d'un continent intégré, prospère et pacifique.

« Dans ce monde de plus en plus turbulent, nous devons plus que jamais resserrer les rangs si nous voulons relever les défis qui ne cessent de croître chaque jour, et c'est à travers ce qui est maintenant notre devise, des solutions africaines aux problèmes africains, que nous parviendrons à une Afrique réconciliée avec elle-même, prospère et ouverte sur le monde », a-t-il souligné.

Le président de l'UA a salué les progrès réalisés dans la mise en oeuvre des diverses initiatives panafricaines, notamment l'accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), pour propulser la vision de prospérité du continent. Il a exhorté les États membres qui n'ont pas encore ratifié l'accord à le faire « dès que possible ».

M. Assoumani a exhorté les pays africains qui sont confrontés à des conflits politiques à « faire taire les armes » pour engager un dialogue franc et sincère. « C'est par le dialogue que nous parviendrons à régler nos différends et à lever les obstacles qui se dressent sur la voie qui nous mène vers le progrès ».

Le président kenyan William Ruto a déclaré que l'Afrique doit tirer parti de la dynamique de réforme actuelle au sein de l'UA pour développer une capacité efficace à mettre en oeuvre la transformation panafricaine tant souhaitée. Il a déclaré que pour ce faire, l'autonomie était essentielle. Il a ajouté qu'une architecture institutionnelle adaptée aux objectifs était également indispensable à l'UA.

« Je prie pour que nous prenions enfin la bonne décision et construisions une organisation adaptée à nos objectifs, dotée des moyens financiers nécessaires, de la voix nécessaire et d'un leadership capable de projeter la position de l'Afrique beaucoup plus clairement, d'une voix forte, afin que nous puissions prendre notre place dans la communauté des nations », a déclaré M. Ruto.

Il a déploré l'architecture financière mondiale actuelle, affirmant qu'une partie des problèmes de dette et de liquidité de l'Afrique étaient causés par une architecture financière injuste. « Nous voulons un système financier qui ne présente pas l'Afrique comme un continent à risque », a-t-il déclaré, avant d'ajouter : « Aujourd'hui, l'Afrique a 640 milliards de dollars d'encours de dette et paie près de 70 milliards de dollars chaque année. Ce ne serait que justice que nous disposions d'un mécanisme de financement qui nous traite sur un pied d'égalité ».

M. Ruto a déclaré que le sommet africain sur les changements climatiques, qui se tiendra à Nairobi en septembre prochain, servira de plate-forme au continent d'adopter « une position plus solide et une approche globale plus composite, transformée et inclusive » pour faire face à la crise des changements climatiques dans la perspective de la COP28, le sommet mondial sur le climat, qui se tiendra cette année à Dubaï.

Le président kenyan a ravi ses homologues et les délégués en déclarant qu'ils devraient vraiment se sentir chez eux pendant la réunion, car, comme les scientifiques l'ont prouvé, le Kenya est le lieu où les premiers vestiges de l'homme ont été découverts et où l'humanité a commencé.

Il a ensuite annoncé que « les Kenyans ont engagé une consultation à l'échelle nationale sur la question de savoir si nous devrions imposer des visas à tous ceux qui rentrent chez eux (au Kenya) ».

« Alors, la prochaine fois que vous viendrez au Kenya, vous n'aurez peut-être pas besoin de visa », a-t-il ajouté.

Amina Mohamed a déclaré que l'Afrique devait avoir une voix forte au sein du G20, définissant ses idées innovantes et une action unifiée pour perturber le « statu quo inacceptable ».

« Le continent est confronté à un moment de vérité où le monde semble se désintéresser de l'Afrique -- même si nous avons l'air d'être au plus bas, nous sommes loin d'être hors -jeu et nous continuons de compter sur vous, nos dirigeants, pour tracer la voie vers la réalisation d'une vision pour l'Afrique qui est inscrite dans l'agenda 2063 ».

Mme Mohamed a de nouveau souligné la nécessité pour l'Afrique de rester unie, sans « aucun clivage » entre ses dirigeants. « Si le mur se fissure, le lézard entrera », a-t-elle déclaré, citant un proverbe africain pour appuyer son appel à l'unité.

Elle a également rassuré les dirigeants africains sur le soutien des Nations unies : « Le secrétaire général [des Nations unies] appelle haut et fort à la relance des Objectifs de développement durable (ODD) pour lutter contre la dette et la détresse, en augmentant la marge de manoeuvre budgétaire par la réallocation de DTS supplémentaires à l'initiative de la Banque africaine de développement et à la réforme de l'architecture financière mondiale qui est aujourd'hui en faillite morale ».

Moussa Faki Mahamat a déclaré que l'Afrique devait continuer à rechercher ses propres solutions à ses problèmes.

Il a noté que malgré les signes d'ouverture du G20 à l'égard de l'Union africaine, il restait encore beaucoup à faire avant que le continent ne soit véritablement inclus dans les décisions politiques et financières internationales.

M. Mahamat a félicité la Banque africaine de développement pour ses interventions en faveur du développement en Afrique. « Je suis heureux de souligner avec satisfaction les initiatives prises par la Banque africaine de développement pour financer l'intégration régionale, sous la direction de notre frère, M. Akinwumi Adesina », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que la Banque africaine de développement avait fourni 12 millions de dollars supplémentaires sous forme de dons au secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine, en plus du don de 5 millions de dollars à l'UA, qui avait contribué à la mise en place du secrétariat.

« Une chose est sûre : l'Afrique ne peut pas fonder ses ambitions de développement sur ce que les autres font pour elle », a conclu M. Mahamat.

La 5e réunion de coordination semestrielle de l'Union africaine, des Communautés économiques régionales et des Mécanismes régionaux est une réunion importante axée sur le renforcement de la coordination et de l'alignement des programmes de développement et d'intégration continentaux entre les différentes institutions et parties prenantes africaines. Les réunions ont commencé le 13 juillet et se sont terminées le 16.

Cliquez ici pour lire l'intégralité du discours de M. Adesina.

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