Un projet de production de blé d'urgence, financé par la Banque africaine de développement et mis en oeuvre par le Programme alimentaire mondial (PAM), a permis d'accroître l'année dernière, la production de blé de près de 70 % dans cinq États fédérés du Soudan ciblés par le projet.
La Banque africaine de développement a fourni un total de 75 millions de dollars au PAM pour la mise en oeuvre du projet de production de blé d'urgence au Soudan sur une période de deux ans.
« Ce développement intervient à un moment critique pour le Soudan, qui est confronté à une catastrophe alimentaire imminente en raison du conflit en cours, qui a ralenti la production au cours de la dernière campagne agricole », a déclaré Nnenna Nwabufo, directrice générale de la Banque africaine de développement pour la région Afrique de l'Est.
« Étant donné le grand potentiel qu'offre l'agriculture même dans des circonstances de conflit actif, et avec la famine qui se profile à l'horizon au Soudan, menaçant des millions de vies, ce projet a apporté beaucoup d'espoir », a-t-elle poursuivi, avant d'ajouter : « Rien que cette année, 22 % de la demande nationale de blé a été satisfaite grâce au projet. Ses résultats impressionnants ont démontré qu'il existe des solutions viables pour accroître la production nationale afin de faire face aux niveaux croissants de la faim et de la malnutrition aiguë dans le pays. Nous sommes heureux que la livraison à plus grande échelle de variétés de semences de blé certifiées résilientes au climat et d'engrais aux petits exploitants agricoles dans les zones cibles à travers le pays soit intervenue à temps, et ait permis de sauver un certain nombre de vies, dans le contexte actuel des défis posés par le conflit. »
Mary Monyau, cheffe du bureau pays de la Banque au Soudan, a expliqué la portée du projet. « Ce projet de production de blé financé par la Banque africaine de développement est devenu le coeur de la production en ce moment critique pour le Soudan. Il a assuré la sécurité alimentaire, avec un rendement de 645 000 tonnes de blé cette année, et est également devenu une intervention critique de réponse à la crise pour les personnes déplacées internes », a-t-elle indiqué, soulignant que « plus de 30 % des bénéficiaires dans l'État du Nord sont des personnes déplacées internes ».
« Le projet s'appuyait sur des initiatives antérieures de production de blé qui ont changé la donne dans le cadre du programme Technologies pour la transformation de l'agriculture africaine mis en oeuvre de 2018 à 2021, fournissant un exemple clair de la façon dont une intervention de développement à plus long terme peut répondre aux besoins humanitaires et d'urgence à court terme avec un renforcement de la résilience tourné vers l'avenir. Nous remercions notre partenaire au développement, le Programme alimentaire mondial, d'avoir mis en oeuvre ce projet et d'avoir assuré des résultats positifs dans au moins cinq États, à savoir : Gezira, Kassala, Nil, Nil blanc et les États du Nord, malgré le conflit actif dans le pays. »
« Le conflit en cours au Soudan a eu un impact dévastateur sur l'agriculture. Le Soudan n'a produit que la moitié du blé qu'il aurait produit au cours d'une année normale. Grâce au financement de la Banque africaine de développement, le PAM a pu atténuer certains des impacts de cette guerre sur la production de blé », a souligné le représentant et directeur pays du PAM au Soudan, Eddie Rowe.
Le projet a distribué des semences de blé adaptées au climat et des engrais à plus de 170 000 petits exploitants agricoles dans les cinq États, au cours de la campagne agricole 2023-2024, couvrant des zones situées en grande partie dans les États relativement stables du nord et de l'est du Soudan où le conflit ne s'est pas encore propagé, ainsi que dans des zones touchées par le conflit telles que les États de Gezira et du Nil blanc.
Le rendement de 645 000 tonnes de blé cette année a représenté 22 % des besoins totaux de consommation de blé du Soudan. En moyenne, les agriculteurs ont enregistré une augmentation de 44 % de la productivité par hectare par rapport à la saison précédente. Environ 16 000 agriculteurs parmi ceux qui ont bénéficié d'une aide avaient été déplacés par le conflit au cours des treize derniers mois. Le projet leur a offert un soutien et des ressources pour rebâtir leurs moyens de subsistance. En outre, douze moissonneuses-batteuses ont été fournies à des associations d'agriculteurs dans les États du Nil et du Nord pour leur permettre de récolter plus efficacement et de réduire considérablement les pertes.
Le Soudan, qui est confronté à une catastrophe alimentaire sans précédent, risque de devenir la plus grande crise alimentaire du monde. Une nouvelle analyse du PAM a identifié 41 foyers de famine, notant qu'environ 2,1 millions de personnes couraient un risque élevé de tomber dans la phase 5 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) si elles ne reçoivent pas d'urgence une aide humanitaire.
Les investissements dans la productivité agricole au Soudan sont essentiels pour accroître les rendements des cultures et la disponibilité des denrées alimentaires face aux niveaux dévastateurs de la violence et de la faim.