Au Kivu, la menace d'un conflit régional - L'ONU critique sévèrement la gestion par la RDC

Un militaire des FARDC en patrouille sur les hauts plateaux du Sud-Kivu, en octobre 2020 (image d'illustration).
12 Juillet 2024
Contenu d'un Partenaire Premium
InfoWire

Dans l'ombre oppressante des forêts tropicales du Kivu, à plus de 1 500 kilomètres de l'agitation de Kinshasa, un drame humain et géopolitique se joue, exposé au grand jour par le dernier rapport du Groupe d'experts des Nations Unies sur la République Démocratique du Congo (RDC). Cette région, minée par des conflits interethniques et le contrôle des riches ressources minières, est le théâtre d'une instabilité qui pourrait bientôt déborder bien au-delà de ses frontières.

Selon Gérard Vespierre dans un article de La Tribune et Charles de Blondin dans un article de Contrepoints, experts reconnus sur la région, le rapport onusien révèle une image dévastatrice : les Forces Armées de la RDC (FARDC), loin de pacifier, participent au chaos, s'adonnant à des activités de pillage et exploitant illégalement les minerais en collaboration avec les milices locales. Le rapport accuse directement ces forces gouvernementales de complicité avec les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), et même d'utiliser des enfants soldats, une pratique sombrement justifiée par le président Félix Tshisekedi comme une "nécessité".

À Goma, un enfant de 12 ans a été arrêté et a livré un témoignage accablant : enrôlé de force par les milices Wazalendo, il a été poussé au front, pour participer à des missions de combat. Ce récit glaçant révèle l'ampleur du mépris des lois nationales, pourtant claires, qui interdisent l’utilisation des enfants soldats et prescrivent impérativement leur démobilisation. Le Président Tshisékédi

Selon les spécialistes de l'ONU sur la RDC, les FARDC ne cessent de collaborer avec les redoutables FDLR, connues pour compter dans leurs rangs d'anciens génocidaires, – qui oeuvrent pour renverser Paul Kagamé –, dans le cadre de la lutte contre le M23 et les Forces de défense du Rwanda (RDF). Et ce, en dépit des ordres explicites du général de division Christian Tshiwewe, chef d’état-major des FARDC, qui a formellement exigé la fin de cette alliance controversée. Le rapport précise les détails troublants de cette collaboration toxique. "Les FARDC et les FDLR, en plus de leur participation dans le commerce illégal des minerais, sont impliquées dans des exactions contre les civils, notamment des viols et des massacres, avec une impunité presque totale."

Selon une révélation troublante d'une étude des services de renseignement congolais, 70% des soldats des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), déployés en Ituri, sont impliqués dans des activités illégales. Ce constat alarmant jette une ombre sur l'intégrité des opérations militaires dans cette région tourmentée.

La tension avec le Rwanda, amplifiée par des accusations croisées de génocide et d'agression, soulève la possibilité d'une guerre ouverte entre les deux pays. La réponse du président rwandais Paul Kamagé est claire : "Nous sommes prêts à nous battre". Le rapport de l'ONU ne mâche pas ses mots sur cette situation, pointant le rôle des politiques de la RDC dans l'aggravation de la crise qui, combinée à une gestion désastreuse et à la corruption, rend la région du Kivu particulièrement volatile.

Les experts mettent également en lumière l'implication des élites locales dans les réseaux de trafic minier, qui contribuent non seulement à l'économie de guerre mais aussi à un climat d'impunité et de violence. Le chaos dans le Kivu n'est pas seulement un problème congolais, mais un enjeu qui implique des acteurs régionaux, notamment l'Ouganda et le Burundi, et qui a des répercussions sur toute la région des Grands Lacs.

Le rapport mentionne également le rôle des milices comme le M23, indirectement préservé par le Rwanda, actives dans la région et souvent soutenues tacitement par des acteurs externes. "Le Mouvement du 23 Mars continue de recevoir un soutien qui déstabilise davantage la région, avec des accusations crédibles de soutien rwandais au groupe," ajoute le rapport.

Face à cette crise, les recommandations des Nations unies sont directes : il est urgent que les pays cessent toute collaboration avec les milices, enquête sur les violations graves et mettent fin à l'exploitation illégale des ressources. Les experts appellent également à des actions concrètes pour démobiliser les groupes armés, notamment les ADF et les FDLR, et pour traduire en justice ceux qui sont responsables des pires exactions, y compris l'utilisation d'enfants dans les conflits.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.