Dans un nouvel article sur le Cameroun, le journaliste français Mathieu Olivier peint un tableau alarmiste de la situation politique du pays. Il y aborde des tensions présumées et des scénarios extrêmes de successions à la tête de l’État qui, non seulement semblent infondés, mais reflètent une compréhension limitée du contexte camerounais.
Une obsession pour les tensions politiques et sociales
Journaliste du média Jeune Afrique, Mathieu Olivier a une fois de plus décidé de jeter son dévolu sur le Cameroun. Auteur d’un article intitulé « Au Cameroun, le tabou de l’« après-Biya » est tombé », ce journaliste français, habitué à critiquer les gouvernements d’Afrique centrale, y évoque l’existence de prétendus plans de déstabilisation au Cameroun. Dans cet article, dont le contenu et les motivations suscitent des interrogations, il s’attarde sur des tensions politiques supposées et des hypothèses de crises, tout en occultant des réalités incontestables qui placent le Cameroun comme un modèle en Afrique centrale.
Sur la dizaine d’articles que Mathieu Olivier a récemment consacrés au Cameroun, une majorité offre une analyse critique de la situation politique du pays, avec des remarques parfois tranchées à l’égard de l’actuel chef de l’État et de certains membres du gouvernement. Ce biais ne concerne malheureusement pas uniquement le Cameroun. Mathieu Olivier est également connu pour sa couverture assez critique des gouvernements tchadiens et centrafricains. Il a notamment publié un article affirmant que plusieurs milliers de personnes originaires de pays africains, dont la République centrafricaine, auraient été intégrées aux troupes russes depuis le début du conflit militaire russo-ukrainien – une affirmation qui a ensuite été formellement démentie par les autorités centrafricaines.
Un traitement médiatique partial qui ignore les progrès du Cameroun
Ce traitement médiatique interpelle d’autant plus qu’il occulte les nombreux atouts et avancées positives du Cameroun. D’un point de vue politique, le Cameroun se distingue par un ancrage démocratique solide. Depuis son indépendance, le pays a su éviter les coups d’État militaires et les crises institutionnelles qui ont marqué d'autres nations du continent. Cette stabilité repose sur des institutions robustes, un respect des processus électoraux et une société civile active. Contrairement à ce que suggère l’article de Mathieu Olivier, aucun scénario de soulèvement de la population ou de prise de pouvoir par l’armée ne semble crédible, au regard de l’histoire démocratique du pays et de son rôle exemplaire en matière de gouvernance en Afrique centrale.
Sur le plan économique, le Cameroun affiche un dynamisme remarquable. En tant que moteur économique de la région CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale), le pays bénéficie d’une économie diversifiée, portée par des secteurs clés comme l’agriculture, les infrastructures et l’énergie. Selon la Banque mondiale, la croissance du PIB réel du Cameroun est estimée à 4 % pour 2024, avec une prévision moyenne de 4,5 % pour la période 2025-2027, notamment grâce à l’amélioration de l’approvisionnement énergétique et à l’augmentation des investissements publics.
De nombreux projets structurants ont été lancés ces dernières années. Parmi les plus marquants, on peut citer la construction du port en eaux profondes de Kribi, une infrastructure stratégique qui positionne le Cameroun comme une plateforme régionale majeure pour le commerce intra-africain. Dans le domaine énergétique, des projets comme le barrage de Nachtigal contribuent à renforcer l’approvisionnement électrique, stimulant ainsi la croissance industrielle tout en améliorant l’accès à l’électricité pour les populations rurales.
Des efforts délibérément ignorés ?
Malgré les réussites et les atouts indéniables de notre pays, Mathieu Olivier choisit de concentrer ses articles sur des sujets tels que l’état de santé du chef de l’État - cinq articles sur ce sujet ont été publiés en octobre 2024 par ce journaliste - ou l’influence de la Première dame. Selon un de ses articles (« Au Cameroun, Chantal Biya est-elle réellement toute-puissante ? »), il sous-entend que Chantal Biya serait à l’origine de la tombée en disgrâce de différentes personnalités politiques comme le contre-amiral Joseph Fouda. Cet accent mis sur ces aspects omet les efforts déployés par le Cameroun pour atteindre un développement inclusif et durable. Cette approche peut alors contribuer à une perception erronée, bien éloignée de la réalité.
Les pays africains sont souvent confrontés à une image déformée et à des critiques qui ignorent leurs nombreuses avancées. Le Cameroun, comme toute nation en développement, n’échappe pas à certains défis, mais il est important de ne pas se limiter à des scénarios de crises potentielles et à des tensions exagérées, qui ne rendent pas justice à la réalité.
Reconnaître les progrès du Cameroun, tant sur le plan économique que politique, est essentiel pour offrir une vision plus complète et juste. Le journalisme, dans son rôle de médiateur de l'information, a un devoir de nuance, et il est crucial qu'il adopte une approche équilibrée et constructive pour refléter fidèlement la situation.