La conduite du développement des infrastructures en Afrique

Dr. Towela Nyirenda Jere - Directrice, intégration économique, AUDA-NEPAD
31 Janvier 2023
Contenu d'un Partenaire Premium
InfoWire

Les lacunes dans le développement des infrastructures sont depuis longtemps considérées comme l’un des principaux freins à une croissance économique durable et inclusive en Afrique.

Des réseaux plus aboutis d’électricité, d’eau, de transport et de technologies de l’information sont nécessaires pour rendre le continent plus compétitif dans l’économie mondiale et pour maximiser le potentiel de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Pour réaliser cette transformation infrastructurelle, une coopération panafricaine accrue est primordiale. C’est dans cette optique que le deuxième Sommet du financement de Dakar se tiendra dans la capitale sénégalaise en février 2023.

Le sommet est conçu pour soutenir le Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA), qui a été adopté par l’Assemblée de l’UA en juillet 2012. Plan directeur de développement des infrastructures du continent pour la période 2012-2040, le PIDA fournit un cadre stratégique pour les projets prioritaires visant à transformer les perspectives économiques du continent. Le PIDA est coordonné conjointement par la Commission de l’Union africaine, l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD), les communautés économiques régionales (CER) africaines et la Banque africaine de développement (BAD).

Le PIDA s’inscrit parfaitement dans le mandat de l’AUDA-NEPAD qui consiste à coordonner et à exécuter des projets régionaux et continentaux prioritaires pour promouvoir l’intégration transfrontalière en vue de la réalisation rapide de l’Agenda 2063, tout en renforçant les capacités administratives, techniques et infrastructurelles des États membres de l’Union africaine et des organismes régionaux. L’organisation qui, en juin 2018, émanait de l’ancienne Agence de planification et de coordination du NEPAD, favorise également la collaboration en Afrique avec le secteur privé et coordonne, facilite et promeut la coopération avec les partenaires stratégiques de l’Afrique et les parties prenantes afin de faciliter la mobilisation d’un potentiel soutien financier.

Le premier Sommet de Dakar sur le financement (DFS-1), qui s’est tenu en juin 2014, a réuni des dirigeants politiques africains, des chefs d’entreprise, des régulateurs et des décideurs politiques autour d’une réflexion visant à trouver des solutions aux obstacles susceptibles d’entraver ou de retarder le déploiement des projets PIDA. Le premier sommet avait un objectif simple : accélérer la mobilisation financière auprès de sources nationales et internationales pour soutenir des projets d’infrastructure régionaux à fort impact.

Le DFS-1 a soutenu 16 projets, dont certains étaient d’immenses projets de construction, qui sont maintenant à différents stades de développement. C’est le cas du pont rail-route Brazzaville-Kinshasa, dont l’étude de faisabilité est désormais terminée, de l’extension du port de Dar es Salaam, dont la construction est déjà en cours, et du projet tant attendu de gazoduc Nigeria-Algérie – également connu sous le nom de Trans-Sahara Gas Pipeline (TSGP) – qui en est au stade de l’appel d’offres.

L’ambition de réaliser 69 projets clés

Le deuxième sommet de Dakar sur le financement (DFS-2) est axé sur la mise en œuvre du deuxième plan d’action prioritaire du PIDA (PAP 2), qui comprend 69 projets rentables pour un investissement total prévu de 160 milliards de dollars. Comme le souligne l’Agenda 2063 de l’Union africaine, les projets doivent être développés selon des normes de classe mondiale afin que les infrastructures soient construites pour durer. Le fait que l’accent soit mis sur l’encouragement du commerce intra-africain s’illustre par la répartition des investissements : 67% seront consacrés à des projets de transport, 24 % étant alloués au secteur de l’énergie.

Le PIDA PAP 2 peut donner un réel coup de pouce au développement économique à un moment où l’Afrique cherche à se remettre du double choc de la pandémie de Covid-19 et de l’impact sur le commerce mondial et les chaînes d’approvisionnement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le plan adopte une approche intersectorielle basée sur la création d’emplois et le développement durable. Depuis que le PAP 2 a été adopté par l’Assemblée générale de l’Union africaine en 2021, l’AUDA-NEPAD a travaillé autour de l’identification du type d’assistance et des ressources nécessaires permettant à ces projets de demander un financement.

Le DFS-2 se concentrera sur la préparation des projets et le renforcement des capacités, tout en cherchant à harmoniser le soutien entre divers partenaires africains, tels que le programme Global Gateway de l’UE, le partenariat du G7 pour l’investissement dans les infrastructures mondiales et l’initiative américaine Power Africa. Plutôt que de considérer chaque projet comme un développement isolé, le sommet offre l’occasion de faire progresser le développement des infrastructures et les perspectives de croissance économique à long terme de l’Afrique en coordonnant le développement dans différents secteurs et différents pays.

Il est essentiel que le financement des projets identifiés soit renforcé. Le sommet explorera donc les moyens pratiques pour améliorer la préparation des projets et identifier des structures de financement innovantes impliquant financements publics et privés. Il est également important de s’assurer que le grand public soit sensibilisé à ce que le PIDA tente d’accomplir avec ce processus, notamment en faisant passer les projets de la phase de conceptualisation à celle de la construction effective.

En résumé, le Sommet de Dakar est une occasion idéale pour accélérer la mise en œuvre de projets d’infrastructure à fort impact dans divers pays africains. Il peut contribuer à la transformation à long terme du continent africain en soutenant des projets qui vont promouvoir l’intégration régionale, augmenter les flux commerciaux entre les pays africains – ce qui favorisera la ZLECAf – et relever les perspectives de croissance à long terme.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.