Romuald Wadagni en lice pour la présidence de la BAD

Romuald Wadagni, Ministre de l’Économie et des Finances du Bénin
22 Juillet 2024
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InfoWire

Selon Challenges dans un confidentiel publié ce jeudi 18 juillet 2024, le Béninois est candidat à la présidence de la Banque africaine de développement.

L’actuel ministre de l’Économie et des Finances du Bénin, Romuald Wadagni, se prépare pour une nouvelle étape dans sa carrière. À l’automne prochain, il pourrait bien figurer parmi les candidats à la succession d’Akinwumi Adesina, actuel président de la Banque africaine de développement (BAD), dont le mandat prendra fin en 2025. Des sources bien placées indiquent que Wadagni est considéré comme un prétendant sérieux et que, dans les coulisses, les soutiens affluent déjà de la part des actionnaires non-régionaux de cette banque panafricaine ; ces soutiens seront décisifs dans le vote.

« Les influences des puissances occidentales, actionnaires non régionaux, pèseront lourd dans cette élection. On note un penchant pour un retour aux candidats francophones après une décennie de domination anglophone », confie un haut cadre de la BAD, en marge des réunions annuelles qui se tenaient à Nairobi en mai.

Dans le petit monde des finances africaines, la candidature de Wadagni n’est pas une surprise.

« Ayant collaboré avec Wadagni, je peux témoigner de l'étendue de son réseau international », confie un ancien collègue, désormais basé à Abidjan.

Né à Lokossa au Bénin un certain 20 juin 1976, Romuald Wadagni n’est pas seulement ministre, mais Ministre d’État, tenant depuis avril 2016 les rênes de l’Économie et des Finances. Passé par la prestigieuse Harvard Business School et l’École Supérieure des Affaires de Grenoble, Wadagni détient également un master en finance avec une spécialisation en capital-investissement et en capital-risque. Avant d’entrer au gouvernement, il a façonné son savoir-faire chez Deloitte, en France, aux États-Unis et en Afrique, notamment en RDC où il supervisait les opérations pour l’Afrique francophone de ce géant du conseil.

Depuis qu’il a pris les commandes des finances béninoises en 2016, Wadagni a révolutionné la gestion publique du pays. Non seulement il a stabilisé l’économie nationale, mais il a également orchestré avec brio l’émission de la toute première obligation internationale du Bénin, levant 260 millions d’euros en 2018. Il a ensuite enchaîné avec deux euro-obligations en janvier 2021, pour un total de 1 milliard d’euros, dont l'une à un terme historique de plus de 30 ans, une première pour un pays d’Afrique subsaharienne. En février dernier, sous sa direction, le Bénin a émis pour la première fois des euro-obligations en dollars, mobilisant 750 millions de dollars, ce qui a établi l’une des premières notations financières du continent.

Sous son égide, le Bénin n’a pas simplement survécu au choc de la pandémie de Covid-19 ; le pays a affiché un des taux de croissance les plus robustes de la région, atteignant 3,8 % en 2020 en pleine pandémie, et rebondissant à 7,2 % en 2021. Pour ces exploits, il a été couronné meilleur ministre africain de l’Économie et des Finances en 2020 par la revue Financial Afrik. Le pays est désormais le champion africain de la transparence fiscale et se hisse à la huitième position mondiale.

Le ministre a aussi été un artisan majeur de l’amélioration du climat des affaires au Bénin, en tête des réformes qui ont propulsé le pays au rang de champion pour la création d’entreprise selon un rapport 2020 de la CNUCED. Au-delà de ses frontières, il a pris une part active dans la réforme du franc CFA pour aboutir à une monnaie régionale plus autonome.

Si Wadagni venait à être élu, selon un de ses proches, « sa présidence pourrait marquer un tournant décisif pour la BAD », qui a su garder une notation de crédit AAA sous Adesina, malgré quelques critiques sur la solidité de ses programmes d’investissement, critiques rapidement balayées par l’institution qui plaide pour la rigueur de ses méthodes.

La course s'annonce rude, face à des concurrents de taille tels qu'Abbas Mahamat Tolli, ancien gouverneur de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), Amadou Hott, envoyé spécial d’Adesina pour l’Alliance et l’Infrastructure Verte en Afrique (AGIA), et Hassatou Diop N’Sele, actuellement vice-présidente pour les finances et directrice financière de la BAD.

Dans la liste des défis qui attendent le futur président de la Banque africaine de développement (BAD), la question du financement des États membres se pose avec acuité. Ces derniers ont besoin de plus de 402 milliards de dollars annuellement pour pallier leurs déficits d’investissement. Autre enjeu de taille : la transition énergétique et la réforme de l’architecture financière mondiale, deux domaines où la BAD est attendue au tournant.

La banque devra également veiller à maintenir sa note de crédit AAA, gage de sa solvabilité et de son autonomie financière. La cohésion interne et l’optimisation des bilans pour maximiser le potentiel de prêts seront cruciales pour répondre efficacement aux besoins du continent.

Par ailleurs, la mise en œuvre de la stratégie décennale 2024-2033, présentée lors des dernières réunions annuelles de la BAD, s'annonce comme un cap majeur. Cette stratégie couvre des domaines aussi divers que l’agriculture, la sécurité alimentaire, la transition énergétique, la lutte contre le changement climatique, le développement durable, la stabilisation macroéconomique, la gouvernance, ainsi que le développement du secteur privé.

L’intégration régionale, impulsée par le commerce intra-africain via la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), et les infrastructures sont également des axes prioritaires. Les défis, immenses et interconnectés, nécessiteront une vision claire et un leadership engagé pour transformer l'avenir économique de l’Afrique.

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