Avec sa bourse agricole, la Côte d'Ivoire accélère sa course vers l'autosuffisance alimentaire

24 Juillet 2024
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InfoWire

En Côte d'Ivoire, le lancement prochain de la Bourse des Matières Premières Agricoles d’Abidjan (BMPA-CI) marque un tournant stratégique vers l’autosuffisance alimentaire, avec le renforcement du pouvoir des producteurs locaux face aux fluctuations des marchés internationaux. Sous l’impulsion du Président Ouattara, la Côte d’Ivoire accélère sa course vers l’autosuffisance alimentaire.

La Côte d'Ivoire, traditionnellement dépendante des marchés internationaux pour la fixation des prix de ses produits agricoles, entre dans une nouvelle ère avec la mise en place de la Bourse des Matières Premières Agricoles d’Abidjan (BMPA-CI). Prévue pour être opérationnelle en 2025, cette initiative vise à remplacer les transactions de gré à gré par un mécanisme de fixation des prix fondé sur l'offre et la demande réelle. Une phase pilote débutera cette année avec le cajou, la noix de cola et le maïs, avant d'élargir le spectre à d'autres produits comme le cacao.

Sécurité alimentaire et souveraineté

La BMPA-CI s'inscrit dans le cadre plus large des efforts du gouvernement ivoirien pour atteindre une souveraineté alimentaire d’ici 2026, avec un objectif de réduction substantielle des importations alimentaires, qui pèsent actuellement 1,5 milliard d'euros, l’équivalent de 10 % du budget national. Cette bourse pourrait révolutionner le secteur en offrant plus de transparence et de stabilité pour les agriculteurs, qui seront désormais des acteurs clés dans la fixation des prix de leurs produits.

« L’agriculteur pourra enfin comprendre et accepter les mécanismes de prix, car ils seront fixés localement » expliquait Koffi Rodrigue N’Guessan, directeur du développement rural au ministère de l'Agriculture.

Transformation et valorisation locale : vers une économie moins dépendante

Sous l’impulsion du Président Alassane Ouattara, la Côte d'Ivoire s'efforce de faire monter en gamme son secteur agricole par la transformation locale.

Cette stratégie crée non seulement de l'emploi, mais permet également de réduire la dépendance aux fluctuations des marchés internationaux. Ainsi, Abidjan s’évertue à développer une économie de transformation à haute valeur ajoutée. Actuellement, les produits agricoles sont principalement exportés sous forme brute vers des marchés comme l’Inde et le Vietnam. Seulement 22 % de la production agricole est transformée localement, une marge qui devrait s'accroître considérablement avec l'installation de la BMPA-CI.

Pour appuyer cette montée en gamme, le tissu infrastructurel ivoirien s'enrichit de nouvelles installations, trame essentielle d'une stratégie de transformation ambitieuse. Sur les chantiers, des usines flambant neuves émergent, équipées pour transformer cacao, manioc et autres produits agricoles en produits finis destinés tant au marché local qu'à l'exportation. Parallèlement, les capacités des infrastructures existantes de stockage et de conservation, actuellement de 430 000 tonnes, sont en cours de renforcement, avec pour objectif de réduire les pertes post-récolte et à accroître la compétitivité des produits agricoles ivoiriens. À cela s'ajoute la réhabilitation et l'extension des réseaux de pistes agricoles, pour faciliter l'accès aux marchés pour les petits producteurs.

Une politique de développement intégrée

Le gouvernement ne se contente pas de mettre en place des infrastructures de marché ; il a également lancé un programme ambitieux de soutien à la production vivrière pour garantir l'accès aux aliments de base et lutter contre l'inflation. L’accent est mis sur le "consommer local", avec des mesures incitatives pour encourager la production et la transformation locale. Ces initiatives sont soutenues par des améliorations dans les infrastructures de stockage et de conservation, essentielles pour réduire les pertes post-récolte et améliorer la compétitivité du marché intérieur. Le Programme National d’Investissement Agricole (PNIA) a été un vecteur majeur, visant à améliorer la production de semences certifiées et à soutenir les chaînes de valeur agricole.

En 2021, des projets spécifiques ont été lancés pour revitaliser la filière rizicole. L'accent a été mis sur la production de semences certifiées. Les autorités travaillent  à attirer des investisseurs pour soutenir cette initiative ambitieuse. Depuis trois ans, la Côte d’Ivoire a ainsi multiplié les incitations fiscales et douanières pour attirer les investisseurs et accroître la transformation locale des produits agricoles.

Le défi des volumes et la perspective régionale

Le principal défi de la BMPA-CI sera de capturer des volumes suffisants pour assurer sa viabilité. À terme, l’objectif est d'étendre la bourse à toute l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), favorisant ainsi une intégration régionale plus forte et une compétitivité accrue des produits ivoiriens sur le marché international. La Côte d’Ivoire, déjà première économie de l’Uemoa, ambitionne, à travers ces initiatives, de renforcer sa position en tant que leader régional de l'agro-industrie, tout en assurant une souveraineté alimentaire pérenne.

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