Alors que la Côte d’Ivoire se prépare à accueillir à Abidjan, du 27 novembre au 2 décembre 2024, la toute première édition du Salon International des Ressources Extractives et Énergétiques (SIREXE), sous le haut parrainage du Premier Ministre, M. Robert Beugré Mambé, les récentes avancées dans l’exploitation du champ Baleine, débutée en août 2023, et la découverte du gisement Calao en mars 2024, viennent renforcer l’ambition du pays de devenir, dans les prochaines années, un acteur majeur du secteur pétrolier en Afrique de l’Ouest.
Une ambition claire
Passer d’une production de 60 000 barils de pétrole à 200 000 barils par jour d'ici 2027. L’objectif fixé par le président Alassane Ouattara, devant le Congrès, en juin 2024, pour le secteur pétrolier de la Côte d’Ivoire est ambitieux. Selon le chef d’Etat, plus de 15 milliards de dollars devraient être investis dans le secteur jusqu’en 2027. Un apport financier nécessaire pour donner au pays d’Afrique de l’Ouest un statut de “puissance énergétique” et de “hub dans la sous-région”.
“La Côte d'Ivoire sera un producteur de pétrole à un niveau important”, assurait déjà Alassane Ouattara, en 2021, lors de la signature d’accords pétroliers entre son pays et la société italienne d’hydrocarbures ENI. Trois ans plus tard, le 1er juillet 2024, lors du lancement officiel du SIREXE, événement majeur pour le secteur énergétique organisé par le gouvernement ivoirien, avec plus de 300 exposants et 20 000 spectateurs attendus au Parc des Expositions d’Abidjan, du 27 novembre au 2 décembre 2024, Robert Beugré Mambé se montre optimiste. Le Premier Ministre ivoirien salue la consolidation de la position de son pays dans les industries extractives et énergétiques, dopés par un “renforcement de la confiance vis-à-vis du secteur privé” et la réalisation de “découvertes importantes”.
Les gisements Calao et Baleine
Mis à jour en mars 2024 par ENI, Calao pourrait stimuler un secteur pétrolier ivoirien, qui compte bien, selon Robert Beugré Mambé, devenir dans les prochaines années, aux côtés de l’industrie gazière, le “second levier d’une croissance soutenue et durable” après celui de l’agriculture.
Le gisement Calao, d’une capacité de 1 à 1,5 milliards de barils, d’après les estimations d’ENI et de l'entreprise publique ivoirienne Petroci Holding, est une découverte “très prometteuse et stratégiquement importante”, selon les déclarations du Premier Ministre, lors de son discours de lancement du SIREXE 2024, qui aura pour thème "Développement durable des industries extractives et énergétiques : Quelles politiques et stratégies ?".
Calao s'ajoute à la découverte en septembre 2021 du champ pétrolier en eaux profondes Baleine. Gérée conjointement par les deux même entreprises, l’exploitation de Baleine a débuté en août 2023, pour des ressources estimées à 2,5 milliards de barils de brut. La phase 2 du champ pétrolier doit débuter en décembre 2024, avec une production totale qui devrait atteindre les 60 000 barils par jour et les 150 000 lors de la phase 3, selon les estimations d’ENI.
Un potentiel en hydrocarbures important pour un pays qui ambitionne de tripler sa production d’or noir d’ici les trois prochaines années et de s'imposer comme un leader pétrolier en Afrique de l’Ouest, loin tout de même derrière le géant nigerian et ses chiffres astronomiques d’1,2 millions de barils de brut extraits quotidiennement.
Éviter la malédiction de l’or noir
Dans un contexte mondial de tensions croissantes au Moyen-Orient, où les ressources en hydrocarbures constituent un enjeu géopolitique majeur, les récentes découvertes pétrolières en Côte d'Ivoire pourraient donner un positionnement stratégique au pays sur la carte énergétique africaine.
C’est aussi une opportunité pour la Côte d’Ivoire d’améliorer l'équilibre de sa balance commerciale et de diversifier davantage une économie où l’agriculture, en particulier l’exportation de cacao et de noix de cajou, conserve une place prépondérante.
Présentant de “grandes potentialités”, les secteur du pétrole, des mines et de l'énergie seront à l’honneur lors du SIREXE, qui permettra, toujours selon Robert Beugré Mambé, de valoriser ces industries auprès des étudiants ivoiriens et de mettre en avant, tel un “joyau”, la chaîne des valeurs et le savoir-faire du pays dans ces secteurs d’activité.
Conscient des risques associés à la gestion des ressources naturelles, notamment en matière de gouvernance, Abidjan entend éviter la "malédiction du pétrole", frappant des pays comme l’Angola, où, malgré la nette croissance du secteur des hydrocarbures, la moitié de la population vit avec moins de 1,25 dollars par jour. À l’inverse, les revenus tirés du pétrole peuvent créer une boucle vertueuse de développement en aidant à financer des initiatives durables dans les secteurs de la santé, de l'éducation et des infrastructures.
Ainsi, en avril 2024, le gouvernement ivoirien, soucieux de “renforcer la transparence dans ses industries extractives”, a adopté un décret portant création du Conseil National de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (CN-ITIE), un organisme public visant à garantir une gestion responsable et efficiente des ressources naturelles énergétiques.
Dotée d’un secteur pétrolier en plein essor, avec des objectifs ambitieux pour les années à venir, la Côte d’Ivoire ne néglige pas pour autant les énergies renouvelables. Celles-ci devraient représenter 42 % de la production énergétique nationale d’ici 2030, confirmant l’engagement du pays en faveur d'un mix énergétique durable.